(Québec) Contrairement à la Commissaire à l’éthique, le premier ministre François Legault ne croit pas que les employés de circonscriptions payés par l’Assemblée nationale ont effectué du travail partisan sur leurs heures de travail.

« D’abord, c’est fait en plus des heures régulières. C’est comme ça dans tous les partis. C’est certain que les employés des différents partis politiques sont aussi des militants qui travaillent en plus de leurs heures régulières à militer pour un parti. Donc il n’y a pas d’heure qui a été volée à l’Assemblée nationale », a expliqué le premier ministre mardi lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale.

Jeudi, la Commissaire Ariane Mignolet se disait « hautement préoccupée » par l’usage de fonds publics à des fins partisanes par la CAQ : son enquête a démontré que des employés de circonscription ont reçu le mandat de concevoir un plan de placements média en vue de la campagne électorale.

« Je suis hautement préoccupée par l’ampleur des biens et service de l’État qui pourraient être, ou pourraient avoir été, utilisés à cette fin », écrivait-elle. Elle parlait de centaines d’heures de travail.

M. Legault n’est pas d’accord avec ce constat. « Quelqu’un peut travailler une heure pour la CAQ, puis travailler trois heures de temps supplémentaires la même journée. Ce qui est important de mentionner, les employés travaillent très fort, font toutes les heures pour lesquels ils sont payés par l’Assemblée, mais en plus travaillent comme militant », a-t-il dit.

Le whip caquiste Éric Lefebvre a également reçu les foudres de MMignolet : il a violé le code d’éthique puisqu’il ne s’était pas assuré que « le matériel et les adresses courriel des membres de son personnel, ainsi que leur temps de travail, soient uniquement utilisés pour des activités liées à l’exercice de sa charge ». Une formation offerte durant les heures de bureau fixait des objectifs électoraux.

Dans ce cas, M. Legault a reconnu que M. Lefebvre a commis une faute. « Tous les employés des différents partis politiques sont aussi des militants. C’est important de séparer les deux fonctions. Quand on est employé, on est employé de tout le monde, quand on est militant on travaille pour un parti. Il y a eu une erreur commise par le whip de confondre les deux fonctions », a-t-il dit.

Pas de remboursement

Il ne croit pas toutefois que cette faute nécessite un remboursement. « Je ne pense pas que ça a entraîné des coûts. Les gens qui travaillent comme whip et dans les bureaux de comtés font beaucoup d’heures pour les citoyens […] », a-t-il dit.

« Il n’y a pas eu de fonds publics, aucun fonds public jamais dans l’histoire de la CAQ et il n’y en aura jamais dans l’histoire de la CAQ », a martelé M. Legault.

Lorsque la CAQ était dans l’opposition, elle avait pourtant dénoncé ce genre de pratique. En 2017, le député Éric Caire avait même accusé le Parti québécois de commettre un « véritable détournement de fonds », car des employés de l’aile parlementaire de ce parti s’étaient fait prendre à faire du travail partisan. Le député Donald Martel avait exigé un remboursement complet des sommes.