Le Canada se joindra à ses alliés à l’international, comme les États-Unis et l’Union européenne, pour imposer des sanctions économiques ciblées à la Russie, dont l’armée est entrée lundi dans des territoires ukrainiens prorusses de l’est du pays après les avoir reconnus comme indépendants.

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a condamné lundi soir la décision du président russe Vladimir Poutine. « Il s’agit d’une violation manifeste des accords de Minsk et de la Charte des Nations Unies, ainsi que d’une menace sérieuse pour la sécurité et la stabilité de la région », a-t-elle déclaré sur Twitter.

Rappelons que le président russe Vladimir Poutine a ordonné lundi à l’armée russe d’entrer dans les territoires prorusses de l’est de l’Ukraine, risquant d’entraîner une guerre avec Kiev.

Le président avait déclaré un peu plus tôt « reconnaître l’indépendance de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Lougansk », deux territoires prorusses parrainés depuis huit ans par la Russie dans la guerre qui les oppose à Kiev.

Cette reconnaissance vient court-circuiter le processus de paix issu des accords de Minsk de 2015, signé par la Russie et l’Ukraine qui visait justement un retour de ces zones sous souveraineté ukrainienne.

Le Canada prévoit imposer des sanctions économiques à la Russie, précise Mélanie Joly, « distinctes de celles préparées pour répondre à toute nouvelle invasion militaire de l’Ukraine par la Russie. »

Le premier ministre Justin Trudeau s’est aussi prononcé sur Twitter lundi soir. « C’est une violation flagrante de la souveraineté de l’Ukraine & du droit international, a-t-il gazouillé. Le Canada soutient l’Ukraine et imposera des sanctions économiques en conséquence. »

Lors de la période des questions en Chambre, lundi après-midi, la bloquiste Christine Normandin exhortait le gouvernement Trudeau à frapper immédiatement le régime Poutine de sanctions. « Moscou a déjà annoncé qu’elle reconnaissait l’indépendance des territoires du Donbass, ce qui est la première étape vers leur annexion […] Le Canada va-t-il lancer un coup de semonce et prendre immédiatement des sanctions contre Moscou ? », s’est-elle enquise.

En l’absence de la ministre Joly, c’est son secrétaire parlementaire, Rob Oliphant, qui a répondu. Il l’a fait en réitérant ce que le gouvernement martèle depuis plusieurs jours, c’est-à-dire qu’on ne se privera pas de punir le Kremlin. « Nous sommes en effet prêts à imposer des sanctions économiques sévères si la Russie envahissait davantage l’Ukraine, a-t-il indiqué. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos alliés, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’UE [Union européenne]. »

Car les sanctions, a conclu M. Oliphant, sont « toujours plus efficaces » lorsqu’elles sont infligées de concert avec d’autres pays

Des sanctions à l’international

Les États-Unis ont promis lundi une réponse « ferme » et « rapide » à la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de régions séparatistes en Ukraine. Les manœuvres de Vladimir Poutine « contredisent directement l’engagement prétendu de la Russie envers la diplomatie », a fustigé le secrétaire d’État américain Antony Blinken.

En guise de riposte, le président Biden a publié un décret qui interdit tout nouvel investissement, échange ou financement par des personnes américaines à destination, en provenance ou dans les régions prorusses de Donetsk et Lougansk.

D’« autres mesures » seront par ailleurs dévoilées mardi, a indiqué un haut responsable américain à l’Agence France-Presse (AFP) sous couvert d’anonymat quelques heures plus tard, mais sans donner davantage de détails.

L’Union européenne (UE) a qualifié la reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes par Moscou de « violation flagrante du droit international ». Elle va aussi sanctionner « ceux qui sont impliqués » dans cette décision.

Du côté de la France, le président Emmanuel Macron a condamné lundi la décision de Vladimir Poutine et réclamé des « sanctions européennes ciblées » à l’encontre de Moscou, selon un communiqué de l’Élysée.

Le premier ministre britannique Boris Johnson a discuté lundi soir avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelenskyy. Il a affirmé qu’il croit qu’une invasion est une possibilité réelle dans les prochains heures ou jours. Des sanctions ont déjà été rédigées à l’encontre de ceux qui « violent l’intégrité territoriale de l’Ukraine » et elles seront mises en œuvre dès mardi, a indiqué par communiqué le Haut-commissariat du Royaume-Uni au Canada.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a aussi déclaré dans un communiqué considérer la décision de la Russie « comme une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine ».

Avec l’Agence France-Presse