(Québec) François Legault accuse le Parti libéral et le Parti québécois d’être « désespérés » et « irresponsables » en cautionnant, dit-il, des gens qui menacent de prendre les armes contre les consignes sanitaires. Les partis de l’opposition ont plutôt dit jeudi prendre au sérieux l’expression de ces idées violentes et les ont condamnées.

La Presse Canadienne rapportait mercredi que l’un des organisateurs du « convoi de la liberté » qui avait manifesté à Québec le week-end dernier a affirmé sur Facebook que plusieurs manifestants lui avaient fait part d’idées violentes.

« Désolé, là, on est rendu à la croisée des chemins. J’ai du monde qui m’ont dit qu’ils étaient prêts à faire des tueries, tabar… […] Quand tu vois que le gars te dit : “Je suis prêt à aller prendre les armes pis aller au parlement”, j’étais là : “Ben voyons donc, fais pas ça, mon chum, on va essayer de s’en sortir intelligemment”, et lui il dit : “Mais qu’est-ce qui reste d’intelligent dans le monde, monsieur Big ?” », a rapporté l’agence de presse.

Questionné à ce sujet jeudi, le leader parlementaire de l’opposition officielle, André Fortin, a répondu qu’il « y a en ce moment des gens qui étaient peut-être déjà sceptiques par rapport aux actions gouvernementales et qui le sont encore plus, et qui sont prêts de toute évidence à prendre des mesures extrêmes qui sont complètement inacceptables, inappropriées, illégales ».

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André Fortin, leader parlementaire de l’opposition officielle

Le gouvernement de son côté doit prendre acte qu’il y a une certaine polarisation en ce moment, qu’il y a de plus en plus de gens qui se posent des questions et, donc, [il doit] être plus transparent. Encore plus transparent qu’il ne l’a été pour diminuer ce scepticisme, ce cynisme-là.

André Fortin, leader parlementaire de l’opposition officielle

« Mais quand ça mène à des situations comme celle que vous décrivez [dans l’article], il n’y a pas un politicien, que ce soit moi ou mes collègues, qui va être en accord avec ça », a ajouté M. Fortin.

Le premier ministre François Legault, dans une mêlée de presse avant la période de questions, a ensuite déclaré que « ça n’a pas de bon sens que le Parti libéral et le Parti québécois disent que c’est de ma faute si ces gens-là menacent de prendre les armes ».

Des menaces qui peuvent déraper

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a pour sa part affirmé qu’il fallait prendre au sérieux les menaces évoquées par l’un des organisateurs de la manifestation. « On l’a vu ailleurs dans le monde. Ce genre de menaces peut déraper très rapidement », a-t-il déclaré.

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Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

En mêlée de presse, M. St-Pierre Plamondon a ensuite affirmé que son parti déplorait « l’absence de transparence » du gouvernement Legault et les mesures sanitaires en « yoyo » qui ont un effet néfaste sur le climat social et la santé mentale des gens.

« Graduellement, on voit une dégradation de la situation et une dégradation de l’acceptabilité sociale des mesures », a-t-il dit, ajoutant que le gouvernement avait une part de responsabilité concernant le climat social en raison de son manque de transparence.

Vigilance au parlement

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a quant à elle affirmé jeudi que la sécurité était renforcée « en permanence » à l’Assemblée nationale, où une « veille constante » est faite avec la Sûreté du Québec, responsable de la sécurité de la colline Parlementaire.

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Geneviève Guilbault, ministre de la Sécurité publique

[Sur] tout ce qui touche la violence, les menaces, l’intimidation, les propos irrespectueux, la haine sur les réseaux sociaux, […] on est extrêmement vigilants.

Geneviève Guilbault, ministre de la Sécurité publique

« On a tous senti, depuis le début de la pandémie, la pression augmenter. On a tous été témoins de la polarisation qui s’installe et qui s’intensifie depuis quelques mois. […] Le ton des appels a changé. Le ton des courriels a évolué. Comme citoyen québécois, ça m’inquiète de voir une augmentation de la tension comme celle-là », a déclaré de son côté le chef de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

Pour illustrer la violence qui se manifeste parfois devant le parlement, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a rappelé une mêlée de presse tenue la semaine dernière où elle invitait les citoyens à venir célébrer au Carnaval de Québec, même si des manifestants convergeaient vers la capitale pour dénoncer les mesures sanitaires. Mme Proulx affirme avoir reçu par la suite des « mots extrêmement violents » sur les réseaux sociaux, plus particulièrement sur Twitter, où les femmes politiciennes sont fréquemment attaquées sur leur intégrité physique.

« Il faut appeler au calme de tous les côtés », a de son côté dit jeudi le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime.

Avec la collaboration de Fanny Lévesque et Charles Lecavalier, La Presse