(Ottawa) Il s’en trouvait peu, dans les rangs libéraux, pour jeter la pierre au député Joël Lightbound au lendemain de sa sortie sur la « politisation » de la vaccination, même si celle-ci a « fait mal » et que le moment « était mal choisi ». En revanche, un élu qui a été puni pour avoir voyagé pendant les Fêtes a lui aussi brisé les rangs.

Le caucus libéral se réunissait mercredi pour sa séance hebdomadaire, au lendemain de la prise de parole du député de Louis-Hébert. Certains de ceux qui étaient au parlement ont lâché des « pas de commentaire » aux micros des journalistes.

D’autres en ont fait.

« C’est important pour les députés qu’ils disent ce qu’ils pensent », a soutenu le leader du gouvernement en Chambre, Mark Holland. « Mais pour nous, il est évident que les restrictions fédérales [doivent demeurer en place pour l’heure] », a-t-il ajouté.

La députée ontarienne Ruby Sahota a exprimé son désaccord par rapport aux positions de son collègue, et surtout le moment qu’il a choisi pour les communiquer, alors que le centre-ville d’Ottawa est paralysé par le « convoi de la liberté » depuis presque deux semaines.

« Je pense que ça peut alimenter la confusion. Ce n’est pas un bon timing », a-t-elle soutenu.

Quant au premier ministre Justin Trudeau, qui n’a pas été épargné par les critiques du député Lightbound, il s’est félicité d’être à la tête d’une formation où s’exprime une « diversité d’opinions », où « on se parle et on écoute ».

Or, normalement, ces discussions ont lieu derrière des portes closes, en caucus.

Alors oui, cette sortie publique « nous a fait mal comme caucus », car « c’est souvent interprété comme si c’était une grande division quand ça sort de ce cadre », convient en entrevue la députée Alexandra Mendès.

L’élue de Brossard–Saint-Lambert, qui appuie les mesures comme l’imposition de la vaccination pour les camionneurs, ne dément pas que le ton de Justin Trudeau « divise » dans la mesure où « il y a toujours des personnes qui vont être contre [la vaccination] ».

Mais elle ne voit pas le besoin de l’ajuster : « Je trouve que les temps, parfois, justifient certaines choses. Je ne défends pas le premier ministre aveuglément, mais je le défends définitivement sur cette question. »

Des élus « en ont assez »

Ce n’est pas le cas de son collègue québécois Yves Robillard.

Selon ce qu’il a confié à la publication The Hill Times, plusieurs élus du caucus libéral « en ont assez », si bien qu’ils « ne passeront pas le reste du mandat comme ça ».

S’il a des reproches à faire à Justin Trudeau, il en veut aussi visiblement aussi au whip du parti, Steven MacKinnon, qui l’a dépouillé de son poste au comité de la Défense nationale parce qu’il s’est envolé vers le Costa Rica l’hiver dernier.

Il m’a coupé les ailes, et il va le regretter, je vous le dis. Il ne me fait pas juste cela à moi, et je n’ai pas besoin de cela. Ça me perturbe, parce que c’est ma santé mentale qui en fait les frais.

Yves Robillard, député du PLC

Les critiques formulées sur la place publique par Joël Lightbound ne lui ont pas coûté sa place au sein du caucus libéral, ni son poste de président du Comité permanent de l’industrie et de la technologie. Il a par contre démissionné de son poste de président du caucus du Québec.