(Ottawa) Le Bloc québécois déposera ce mardi un projet de loi visant à protéger le poids politique du Québec à la Chambre des communes, une démarche qui forcera les libéraux de Justin Trudeau à se prononcer sur la proposition d’Élections Canada de retirer un siège à la province afin de tenir compte des changements démographiques au pays.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, expliquera les tenants et aboutissants du projet de loi que présentera sa formation politique en compagnie du député bloquiste Martin Champoux.

Le Bloc québécois prend donc les devants sur le plan législatif dans ce délicat dossier et s’appuiera sur la résolution adoptée par les Communes il y a près de 15 ans qui reconnaît que le Québec forme une nation au sein du Canada pour convaincre les autres partis politiques.

Le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien, a soutenu que cette reconnaissance devait avoir une portée réelle.

« Il faut bien que ça donne quelque chose »

« Tous les partis politiques ont, de façon très majoritaire, reconnu que le Québec forme une nation. Nous en sommes bien contents. Mais il faut bien que ça donne quelque chose. Il ne faut pas que les paroles soient juste des paroles », a affirmé M. Therrien dans une entrevue accordée à La Presse.

« Le Québec n’est pas une province comme les autres. Le Québec est une nation et doit avoir les privilèges qui reviennent aux nations. Entre autres, il ne faut pas que le poids politique du Québec soit réduit. Il faut donc garantir au minimum un poids politique qui ne bouge pas. On propose de faire perdre un siège au Québec. C’est fou ben raide comme proposition », a-t-il ajouté.

M. Therrien n’a toutefois pas voulu donner les détails du projet de loi, affirmant sur un ton imagé : « Je ne veux pas vendre la poutine avant que les frites soient cuites. » Il s’est dit convaincu que l’Assemblée nationale à Québec appuierait d’une manière sans équivoque la démarche du Bloc québécois.

Croissance plus faible de la population

Selon les calculs du directeur général d’Élections Canada, Stéphane Perreault, le nombre de sièges aux Communes devrait passer de 338 à 342 dès 2024 si l’on veut tenir compte des changements au sein de la population canadienne.

L’Ontario et la Colombie-Britannique, qui détiennent respectivement 121 et 42 sièges, devraient en obtenir un de plus chacune. L’Alberta, qui a 34 sièges, devrait en obtenir trois de plus. Le Québec, lui, devrait en principe perdre un de ses 78 sièges, parce que sa population croît à un rythme moins élevé que la moyenne nationale. Il n’y aurait pas de changement dans les autres provinces.

L’annonce de cette nouvelle répartition des sièges défavorable au Québec a provoqué de vives réactions l’automne dernier. Le gouvernement Legault est rapidement monté aux barricades, tandis que le Parti conservateur, le Nouveau Parti démocratique et le Bloc québécois ont affirmé que le Québec ne peut pas perdre un siège. Au bureau de Justin Trudeau, on s’est contenté de dire qu’il s’agissait pour le moment d’une recommandation d’Élections Canada.

Des commissions indépendantes doivent se pencher sur le redécoupage des circonscriptions électorales sous peu dans les 10 provinces. Tout ce travail doit être terminé d’ici 18 mois.