(Ottawa) Le chef bloquiste Yves-François Blanchet réclame la démission du ministre de la Défense Harjit Sajjan qui selon lui n’a plus la crédibilité pour protéger les femmes dans l’armée. L’opposition, qui continue de taper sur ce clou, a par ailleurs obtenu la comparution de la cheffe de cabinet de Justin Trudeau.

M. Blanchet a fait une sortie en règle contre le ministre de la Défense, qui s’empêtre de plus en plus dans le dossier des allégations d’inconduite sexuelle qui visent d’anciens hauts gradés des Forces armées canadiennes, notamment l’ancien chef d’État-major Jonathan Vance.

Le ministre Sajjan, qui est un ancien membre des Forces armées canadiennes, est sur la sellette depuis qu’il a été révélé qu’il avait été informé par l’ancien ombudsman de l’armée Gary Walbourne dès 2018 que Jonathan Vance faisait l’objet d’allégations d’inconduite sexuelle.

Au cours des dernières semaines, M. Sajjan a expliqué qu’il n’a pas vu personnellement à ce que l’on fasse la lumière sur ces allégations au motif que cela pourrait être perçu comme de l’ingérence politique dans une enquête. Il s’est contenté d’aviser le Bureau du Conseil privé de ces allégations qui n’ont pu être examinées par ce que la plaignante ne voulait pas que son identité soit divulguée.

« Clairement il faut qu’il soit démis ou qu’il remette sa propre démission. Encore une fois, le motif ne peut pas être plus clair. Il est essentiel de donner, en particulier aux femmes au sein des Forces armées canadiennes, un sentiment de sécurité quant à la volonté de l’État d’assurer leur protection », a affirmé Yves-François Blanchet.

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Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Selon lui, le ministre Sajjan n’ayant pas informé directement le premier ministre Justin Trudeau de ces allégations à caractère sexuel, « le ministre s’est mis dans une situation où il ne peut plus être le porteur de ce message de sécurité », a fait valoir le chef bloquiste en conférence de presse jeudi.

Le gouvernement Trudeau est sur la défensive depuis des semaines à cause du traitement qu’il a accordé à ces allégations d’inconduite sexuelle.

Le Parti conservateur, le Bloc québécois et le NPD talonnent le premier ministre et le ministre de la Défense à ce sujet à la Chambre des communes.

La semaine dernière, le ministre Sajjan a tenté de mettre fin à la tempête en confiant à l’ancienne juge de la Cour suprême du Canada, Louise Arbour, le mandat de réaliser un examen indépendant sur la façon dont l’armée gère les plaintes d’inconduites sexuelles.

Mais cette nomination est survenue six ans après la publication du rapport d’une autre ex-magistrate du même tribunal, Marie Deschamps, sur le fléau de l’inconduite sexuelle au sein des Forces armées.

Le NPD a déjà réclamé la démission de M. Sajjan la semaine dernière.

« Il y a six ans, la juge Deschamps terminait une étude externe sur les inconduites sexuelles dans l’armée. Après n’avoir rien fait, les libéraux lancent… une étude externe sur les inconduites sexuelles dans l’armée ! Le ministre Harjit Sajjan doit démissionner », a fait valoir le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice.

L’armée a été ébranlée par des allégations d’inconduite visant le sommet de la pyramide hiérarchique. Deux chefs d’état-major – l’ancien, Jonathan Vance, et celui qui lui avait succédé, Art McDonald – en ont fait l’objet.

Katie Telford en comité

Après un long bras de fer avec les députés libéraux du comité permanent de la défense nationale, les partis d’opposition ont par ailleurs obtenu gain de cause : ils entendront vendredi le témoignage qu’ils réclamaient depuis des jours, soit celui de la cheffe de cabinet du premier ministre, Katie Telford.

« Katie a proposé de se présenter devant le comité permanent de la défense nationale lors de leur réunion prévue demain », a-t-on confirmé au bureau du premier ministre. Il faut s’attendre à ce que son témoignage corresponde à ce qui a été dit depuis que l’affaire a éclaté, a signalé une source gouvernementale, jeudi.