(Ottawa) Une organisation internationale de défense des droits de la personne appelle le gouvernement Trudeau à prendre des mesures contre les prétendus « crimes contre l’humanité » du gouvernement israélien, qu’elle qualifie d’État « d’apartheid ».

La demande de Human Rights Watch accompagne un nouveau rapport du groupe qui accuse les autorités israéliennes de discriminer méthodiquement les Palestiniens en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Sur la base d’entretiens, de travaux sur le terrain et d’un examen des documents gouvernementaux, le rapport de 218 pages conclut que les lois et politiques israéliennes ont asservi les Palestiniens « en raison de leur identité », ce qui équivaut dans certains cas à « la persécution et l’apartheid » — tous deux considérés comme des crimes contre l’humanité au regard du droit international.

« Nous reconnaissons que le mot “apartheid” pique. Mais en même temps, l’apartheid est la réalité pour de nombreux Palestiniens », a déclaré Farida Deif, directrice de Human Rights Watch au Canada, en entrevue.

« Il est grand temps pour le gouvernement Trudeau de reconnaître que les autorités israéliennes commettent des crimes contre l’humanité et de tirer parti de son partenariat étroit avec Israël pour mettre fin à ces violations. »

Le porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Grantly Franklin, a déclaré que le gouvernement fédéral examinait le rapport et restait attaché à une solution à deux États au conflit.

Le gouvernement israélien a accusé Human Rights Watch d’avoir un « ordre du jour anti-israélien » et a qualifié l’organisation établie à New York de « pamphlet de propagande ».

« Recherché : une organisation de défense des droits de l’homme qui se soucie davantage d’aider les Palestiniens vivant sous l’oppression du Hamas et moins de diaboliser Israël », a déclaré mardi le ministère israélien des Affaires étrangères sur Twitter.

Le rapport fait valoir que le traitement réservé aux Palestiniens par Israël est conforme aux définitions de l’apartheid des Nations unies et de la Cour pénale internationale comme comprenant une intention de maintenir la domination d’un groupe sur un autre et impliquant des actes inhumains et une oppression systématique à cette fin.

L’organisation souligne une loi de 2018 adoptée à la Knesset qui déclare le droit à l’autodétermination en Israël comme « unique au peuple juif ». Le rapport fait état de la confiscation des terres en Cisjordanie et des politiques qui interdisent la libre circulation des Palestiniens ou de leurs marchandises dans les territoires occupés.

Il fait également référence au « droit militaire draconien », au gel effectif du regroupement familial et au refus systématique de permis de construire parmi des mesures qui n’ont souvent « aucune justification sécuritaire légitime ».

« Peu importe où vous vous situez concernant l’histoire, le processus de paix ou les frontières, nous pouvons tous voir et convenir que le traitement inhumain des Palestiniens ne devrait pas continuer sans le contrôle de la communauté internationale, y compris le Canada », a déclaré Mme Deif.

Elle a fait valoir que le Canada et d’autres alliés israéliens devraient ajouter des conditions aux ventes d’armes, déployer des sanctions ciblées contre les représentants de l’État et soutenir les poursuites devant la Cour pénale internationale.

La procureure en chef de la CPI a ouvert une enquête le mois dernier sur des crimes présumés dans les territoires palestiniens, en mettant l’accent sur les actions militaires israéliennes et la construction de colonies dans les terres capturées lors de la guerre des Six-Jours en 1967.

Bien que les Palestiniens n’aient pas d’État indépendant, ils ont obtenu le statut d’observateur non membre à l’Assemblée générale des Nations unies en 2012, ce qui leur a permis de rejoindre des organisations internationales comme la CPI.

Israël, qui n’est pas membre de la Cour — le Canada est l’un des 123 États membres — a déclaré que le tribunal n’avait pas compétence parce que la Palestine n’est pas un État souverain.

Avec des informations de l’Associated Press