(Québec) Paul St-Pierre Plamondon prévient les jeunes péquistes qu’il est facile de tomber dans « le piège de la loi 101 », qui donne selon lui « un faux sentiment de sécurité » linguistique aux Québécois.

Le chef péquiste se retrouve au cœur d’un débat au sein de son parti, à la veille Conseil national de la formation, qui se tiendra samedi et dimanche pour mettre la table aux propositions que les membres finaliseront l’automne prochain en congrès pour présenter un programme politique.

En amont du Conseil, la présidente du Comité national des jeunes du Parti québécois (CNJPQ), Marie-Laurence Desgagné, remet sur la table l’idée d’imposer la loi 101 aux cégeps. De cette façon, les allophones et les francophones devraient poursuivre leurs études en français après le secondaire.

Cette proposition, qui avait été adoptée à l’unanimité en mars 2020 lors d’un congrès jeune, jouit toujours du même soutien auprès de ses membres, dit-elle. Mais le nouveau chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, s’est opposé à cette idée lors de la course à la direction du parti. Il l’a encore fait récemment auprès de La Presse lorsqu’il a dévoilé son plan pour la protection du français.

« Le piège de la loi 101, c’est que ça donne l’impression qu’on est indépendants et qu’on se donne une sécurité linguistique et culturelle à travers la réglementation. Mon opinion, c’est que tant qu’on ne sera pas indépendants, la pression qu’exerce le Canada sur les francophones condamne les Québécois au déclin linguistique et culturel », dit-il.

De l’ouverture

Paul St-Pierre Plamondon ajoute toutefois, dans la foulée, quelques nuances. « J’étais au cégep en 1996. Là, j’ai des jeunes du parti qui me disent qu’eux, sur le terrain, voient les dynamiques et pensent que c’est une mesure indispensable. »

[Les jeunes péquistes] parlent de leur réalité, de ce qu’ils vivent, il faut les écouter. Est-ce que je suis fermé à cette mesure-là ? Je dirais que je suis ouvert. Mais je veux qu’on évalue également [cette proposition] à la lumière de l’ensemble des idées proposées.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, à propos de l’imposition de la loi 101 aux cégeps

Marie-Laurence Desgagné soutient pour sa part qu’imposer la loi 101 aux cégeps est une mesure qui est appuyée par la vaste majorité des jeunes péquistes, y compris ceux qui ont fait le choix d’étudier en anglais au collégial.

« Ils réalisent aujourd’hui qu’ils ont fait un choix individuel tout à fait correct, mais que la somme de ces choix individuels donne des conséquences assez importantes pour la situation générale du français au Québec, en particulier à Montréal », affirme-t-elle.

« On voit que ça a un impact sur le désir de certains allophones et de certains francophones de poursuivre leurs études en anglais, de consommer du matériel culturel anglophone et de travailler en anglais », poursuit la présidente des jeunes péquistes.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Laurence Desgagné, présidente du Comité national des jeunes du Parti québécois

Étudiante à l’université, Mme Desgagné a elle-même choisi de poursuivre ses études en anglais, à McGill. Elle fait toutefois la distinction entre le cégep et l’université.

Le cégep se distingue de l’université. Le cégep fait partie du cursus général préuniversitaire qui, dans les autres provinces, se poursuit au secondaire. C’est aussi une période névralgique dans le développement de la pensée, des opinions et de la socialisation. On pense que c’est important que ça se fasse en français.

Marie-Laurence Desgagné, présidente du Comité national des jeunes du Parti québécois

Le Parti québécois propose également de réduire le financement des universités anglophones du Québec plutôt que de restreindre le bassin d’élèves qui peuvent les fréquenter.

Faire de la politique à l’ère de la COVID-19

Pandémie oblige, les quelque 250 membres du Parti québécois issus des bureaux territoriaux et de circonscriptions, qui prendront part au Conseil national ce week-end, se réuniront sur une plateforme virtuelle.

Paul St-Pierre Plamondon rappellera à ses membres que le parti est en bien meilleure posture sur le plan du financement que ses adversaires, même si le PQ est relégué au troisième groupe d’opposition sur les banquettes de l’Assemblée nationale. À un peu plus d’un an des prochaines élections, le parti est repassé en tête du financement au premier trimestre de 2021, a récemment rapporté La Presse Canadienne.

Ce week-end, les militants débattront – à huis clos – d’idées « pour la relance du Québec postpandémie ». Ils recevront aussi des conférenciers sur différents thèmes, en premier lieu la relance « propre et juste », pour lequel le chercheur à l’Université du Québec en Outaouais Jérôme Dupras, aussi membre des Cowboys Fringants, sera présent.