(Québec) Le premier ministre François Legault compte envoyer un « signal fort » pour protéger les professeurs contre les attaques à la liberté de l’enseignement. Il écarte l’idée d’une loi et privilégie un énoncé gouvernemental, afin d’éviter toute ingérence du gouvernement dans les affaires universitaires.

« J’ai été trois ans ministre de l’Éducation, et je connais l’importance de l’autonomie des universités », affirme M. Legault en entrevue à La Presse.

Légiférer sur la liberté de l’enseignement risquerait à ses yeux de compromettre cette autonomie. « Il faut être prudent. Il y a une ligne qui est mince. Je ne veux pas m’ingérer et attaquer l’autonomie des universités. Mais en même temps, c’est inquiétant, ce qu’on voit à l’Université d’Ottawa, à l’Université McGill, dans certaines universités. »

Un énoncé gouvernemental n’est pas contraignant comme une loi. Mais c’est « un signal fort », une mesure qui « va suffire », croit le premier ministre.

Nous, on dit : attention, il faut protéger la liberté académique. Maintenant, ce n’est pas nous qui allons aller régler ça dans chacune des universités. Mais on veut envoyer un signal que ça doit être réglé dans chacune des universités.

François Legault, premier ministre du Québec

« Faisons confiance aux professeurs, poursuit M. Legault. Moi, j’ai bon espoir que les professeurs vont régler ça dans la grande majorité des universités. »

Certains reprochent pourtant aux recteurs de ne pas les appuyer, lui a-t-on rappelé. « Oui, mais les professeurs sont aux conseils d’administration des universités. Ils ont leur mot à dire », estime-t-il.

Il se réjouit de l’appui que lui a donné la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) à la suite de son message sur Facebook samedi. Le premier ministre s’était indigné contre « une poignée de militants radicaux [qui] essaient de censurer certains mots et certaines œuvres ».

Québec a tranché

Dans son communiqué diffusé mardi, la FQPPU salue l’engagement du premier ministre à « agir rapidement » pour protéger la liberté universitaire. Or elle réclame l’adoption d’une loi pour garantir « le droit d’enseigner et de faire de la recherche à l’abri de toute contrainte doctrinale ».

« Le gouvernement du Québec peut très bien légiférer pour protéger la liberté académique sans s’ingérer dans les contenus pédagogiques et les recherches. Ce faisant, il donne aux universités des outils pour résister aux contraintes extérieures qu’elles subissent elles aussi d’un point de vue institutionnel et renforce ainsi leur autonomie », soutient-elle.

La semaine dernière, la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, disait à La Presse que deux options étaient à l’étude : une loi-cadre et un énoncé gouvernemental. L’avis du premier ministre tranche cette question. Un comité de sages sera bientôt formé pour guider le gouvernement dans sa démarche. Des consultations auront lieu.