Le conservateur Dean Allison appuie notamment le recours à un antiparasitaire pour traiter la COVID-19

(Ottawa) Suspendre l’utilisation de vaccins contre la COVID-19, rejeter les passeports vaccinaux et rendre disponible l’ivermectine. Un député conservateur non vacciné parraine un trio de pétitions qui devraient pouvoir se frayer un chemin jusqu’aux Communes.

Dean Allison est l’un des quatre élus du Parti conservateur affirmant qu’un problème de santé les empêche de relever la manche pour se faire vacciner contre la COVID-19. Il ne veut pas préciser lequel, parce que « les informations médicales relèvent de la vie privée », s’est-il récemment justifié.

CAPTURE D’ÉCRAN DU COMPTE YOUTUBE DE DEAN ALLISON

Dean Allison, député conservateur de Niagara-Ouest, sur le plateau de son émission The Hill Update

La pétition la plus populaire à laquelle il associe son nom demande au gouvernement du Canada d’« examiner de toute urgence les preuves en faveur de l’ivermectine » – un antiparasitaire dont l’usage est principalement vétérinaire – et d’envisager de le rendre disponible « immédiatement » en tant que médicament approuvé par Santé Canada.

Le produit « pourrait être utilisé pour la protection ou la prévention contre la COVID-19 », y lit-on. Dans un rapport publié l’été dernier dans une publication de l’Agence de la santé publique du Canada, on écrit que l’usage de l’ivermectine « n’est pas recommandé pour la prophylaxie ou le traitement [de la COVID-19] ».

La pétition appuyée par Dean Allison demandant que les citoyens canadiens puissent s’en procurer directement auprès d’un pharmacien avait récolté plus de 27 000 signatures en date du 10 décembre.

Lisez l’éditorial de Philippe Mercure sur l’ivermectine

Les deux autres sont moins populaires : celle qui demande de suspendre l’« utilisation des vaccins contre la COVID-19 chez les femmes enceintes, les enfants, les jeunes et les adultes en âge de procréer » a été signée par environ 1600 personnes, tandis que celle où l’on exige de « [rejeter] les passeports vaccinaux » en a attiré près de 4600.

Les pétitions électroniques comme celles que parraine l’élu de Niagara-Ouest – qui s’est associé aux démarches de trois citoyens ne résidant pas dans sa circonscription – peuvent être déposées en Chambre si le greffier des pétitions certifie qu’elles ont reçu au moins 500 signatures. Le gouvernement doit ensuite y répondre.

IMAGE TIRÉE DU SITE WEB DU PARLEMENT DU CANADA

Au bureau de circonscription de Dean Allison, vendredi, on a fait valoir que le dépôt de pétitions faisait partie du travail de député. La Presse a demandé une entrevue avec le député, mais la requête est restée lettre morte. Du côté du Parti conservateur, on n’a tout simplement pas répondu au courriel de La Presse.

Le leader du gouvernement à la Chambre des communes, Mark Holland, ne s’est quant à lui pas privé de l’occasion de réagir. S’il reconnaît le droit de tout député de déposer des pétitions, il juge « absolument irresponsable » et « pas du tout acceptable » que ces trois-là soient présentées.

Si un citoyen me [propose une pétition] disant que le ciel est rouge ou qu’il est vert, ce serait irresponsable de présenter ça de façon officielle en Chambre.

Mark Holland, leader du gouvernement à la Chambre des communes

M. Holland invite ainsi le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, à intervenir pour empêcher la présentation des pétitions : « Il doit empêcher ça. »

Le vaccin, épine dans le pied conservateur

Le chef de l’opposition officielle peine à gérer l’enjeu de la vaccination au sein de son caucus. S’il répète sur toutes les tribunes que les vaccins sont sûrs et que ses élus respectent les règles sanitaires en vigueur, il est constamment hanté par les députés antivaccins.

La députée Cathay Wagantall, qui fait partie de ce groupe, a soulevé une question de privilège en direct du siège de sa voiture, lundi dernier, afin de contester l’imposition de la contre-vérification des exemptions médicales pour les élus, invoquant leur « droit inaliénable de maintenir le caractère privé des renseignements sur la santé ».

Les libéraux soulèvent des doutes sur la prévalence d’exemptions médicales au sein des troupes conservatrices. Avec quatre recensées – le chef du Parti conservateur refuse net de confirmer ce chiffre – sur un nombre total de 119 députés, on arrive à un taux d’un peu plus de 3 %.

Le médecin-hygiéniste en chef de l’Ontario, le DKieran Moore, a déjà affirmé que les exemptions médicales reconnues à l’échelle provinciale – qu’il s’agisse d’allergie grave à un composant du vaccin ou de myocardite – touchaient de une à cinq personnes sur 100 000, soit entre 0,001 et 0,005 %.

Avec La Presse Canadienne