(Ottawa) L’ancien kayakiste olympique Adam van Koeverden, qui a été le porte-drapeau du Canada aux Jeux olympiques d’été de Pékin en 2008 avant de plonger dans l’arène politique, est en désaccord avec un boycottage des Jeux qui s’ouvrent dans deux mois en Chine.

Le député libéral laisse aux politiciens le soin de déterminer si le Canada et ses alliés devraient opter pour un boycottage diplomatique pour envoyer au régime de Xi Jinping le message que le génocide qui est perpétré contre les Ouïghours – dont la Chambre des communes a reconnu l’existence en février dernier – est inacceptable.

Mais y envoyer des athlètes permet de faire la lumière sur ce qui se passe au pays, et pourrait faire en sorte d’améliorer la situation, croit-il. « En 2008, on se demandait si le fait de braquer les projecteurs sur la Chine pays pouvait mener à un changement positif. Et je pense que si. Nous sommes en train d’en parler en ce moment », a-t-il argué.

« Le génocide est une réalité, mais les Olympiques permettent toujours de faire rejaillir une lumière plus brillante sur les enjeux à travers le monde […] Cette lumière, c’est une première étape, à mon avis », a ajouté le médaillé olympique à sa sortie de la réunion du caucus hebdomadaire libéral, mercredi.

Et par ailleurs, « nos athlètes ne sont pas des pions diplomatiques » ; ils sont « censés être apolitiques », a insisté M. van Koeverden, selon qui la solution aux problèmes qui secouent la Chine passe par d’autres leviers comme le commerce, par exemple. Il est ainsi en désaccord avec ceux qui plaident que la Chine, justement, instrumentalise les athlètes à des fins politiques.

C’est le cas du député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe, qui a échoué mardi à faire adopter une motion réclamant notamment le report des Jeux d’un an, jusqu’en 2023, le temps de laisser une mission d’observation internationale se rendre au Xinjiang pour documenter la situation.

Les libéraux ont refusé de donner leur consentement au dépôt de cette motion, au grand dam de l’élu bloquiste. Ce dernier est même allé jusqu’à accuser les libéraux de se rendre « complices » du génocide.

« Alexis et moi sommes allés prendre une bière hier [mardi] soir, et nous avons eu une longue conversation […] et ce sur quoi nous nous sommes entendus, c’est qu’il est possible d’encourager nos athlètes, d’appuyer Équipe Canada, et d’être en même temps extrêmement préoccupés face à ce qui se passe en Chine sur le plan des droits humains », a conclu le député de Milton, en Ontario.

La décision « n’a pas encore été prise »

Le gouvernement canadien n’a pas encore déterminé s’il est tenté d’imiter les États-Unis, où le président Joe Biden envisage un boycottage diplomatique de l’évènement.

À son arrivée au parlement pour la rencontre du caucus, la ministre des Sports, Pascale St-Onge, s’est contentée de dire que « la décision n’a pas encore été prise », que l’on est « toujours en discussion avec les alliés » et que le gouvernement respecte « l’indépendance des Comités olympique et paralympique canadiens ».