(Québec) Les militants se sont toutefois opposés à l’idée d’une taxation des véhicules polluants

Les militants libéraux ont envoyé le signal samedi qu’ils avaient l’intention de suivre la cheffe Dominique Anglade dans son nouveau virage environnemental et progressiste, en adoptant une multitude de propositions vertes, en plus de fixer une cible de réduction des émissions de GES allant « jusqu’à 45 % » par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030.

La cheffe a assuré au début du congrès que l’environnement serait « la priorité des priorités » d’un gouvernement libéral pour démontrer « qu’on est sérieux par rapport aux changements climatiques ».

Les militants ont adhéré à sa proposition au deuxième jour du congrès des membres, réunis à Québec. La totalité des propositions environnementales a été adoptée sans heurts. Seule note discordante : ils ne sont pas prêts à instaurer des « désincitatifs », par exemple une taxation à l’achat de véhicules polluants comme les VUS et les camionnettes.

Après un long débat, les membres ont finalement rejeté à 67 % la proposition, malgré un amendement visant à exempter les entrepreneurs et les travailleurs pour qui ce type de véhicule est nécessaire. Certains membres ont fait valoir l’utilité de ce type de véhicules pour circuler dans les régions rurales et pour tous les citoyens.

« Je pense que les militants n’étaient pas rendus là. La Commission-Jeunesse, elle, l’est. On va continuer à pousser [cette idée], ce n’est pas un combat qui est terminé », a indiqué le président de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, Gabriel Ahmad. « Ça ne se fera pas facilement, la transition », a-t-il ajouté en entrevue.

Selon lui, c’est bien joli d’avoir des cibles ambitieuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), mais il faut également des mesures à mettre en place « rapidement au lendemain des élections pour arriver à ces cibles ». M. Ahmad admet que c’était « une proposition un peu plus radicale », mais il « voulait surtout amener le débat ».

Les jeunes libéraux sont en revanche parvenus à faire adopter une cible de réduction des émissions de GES « pouvant atteindre jusqu’à 45 % » par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030. Les militants ont appuyé à 87 % la hausse de la cible verte du Québec.

La proposition initiale visait à doter le Québec de « cibles planchers arrimées en permanence aux rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) visant actuellement la carboneutralité en 2050 tout en poursuivant des cibles encore plus ambitieuses », sans donner de chiffres précis.

C’est plus que la cible actuelle du gouvernement Legault, fixée à 37,5 %, mais moins que celle fixée par Québec solidaire. Les militants solidaires réunis en congrès la fin de semaine dernière ont adopté la proposition de « réduire les émissions du Québec d’au moins 55 % par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030, en se rapprochant le plus possible de la cible de 65 % ».

Une cible que les membres de l’aile parlementaire libérale jugent « irréaliste ».

Allocation carbone aux ministères

L’aile jeunesse a aussi réussi à faire adopter une proposition pour que le Conseil des ministres soit doté d’un « budget carbone global décroissant d’année en année afin que chaque ministère ait une allocation carbone à ne pas dépasser ».

Les militants ont également voté pour faire du « droit à l’environnement vert et durable et à la protection de la biodiversité un droit fondamental ayant une valeur supralégislative », ce qui veut dire qu’il pourrait invalider des lois et des décisions gouvernementales qui ne le respecteraient pas.

L’environnement a été au cœur des propositions débattues samedi. Il faut souligner que les membres n’ont pu se prononcer que sur le premier axe du cahier de résolutions, celui sur l’environnement et les changements climatiques, ainsi qu’une partie de celles sur les services aux citoyens.

Des problèmes techniques à l’ouverture des débats ont passablement retardé l’étude de la Résolution-cadre. Tout le volet sur la modernisation de l’agriculture et la pénurie de main-d’œuvre sera donc examiné par les instances internes. Ce dimanche, les militants se prononceront sur les résolutions politiques régionales.

Sur d’autres thèmes, les libéraux ont voté pour des mesures incitatives aux utilisateurs des transports collectifs, « comme rendre le transport en commun gratuit pour tous », alors que la proposition initiale ne portait que sur « les étudiants et les aînés ». En 2018, Philippe Couillard avait promis en campagne de rendre les transports en commun gratuits pour les étudiants sans limite d’âge et pour les personnes de 65 ans et plus.

Comme elle l’a dévoilé vendredi, la cheffe libérale misera sur le « projet ÉCO », qui prévoit notamment la nationalisation de l’hydrogène vert, pour se distinguer de ses adversaires politiques.

Le plan de Mme Anglade s’accompagne de promesses de 100 milliards d’investissements publics et privés.

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