(Québec) La cheffe Dominique Anglade profitera de la première journée du congrès des membres du Parti libéral ce vendredi pour dévoiler un pan important de sa vision économique, qu’elle veut peindre en vert : elle promettra de nationaliser la production d’hydrogène vert au Québec.

C’est un premier rendez-vous qui s’ouvre ce vendredi à Québec entre les membres du Parti libéral du Québec (PLQ) et leur cheffe.

Couronnée en mai 2020, en pleine pandémie, Dominique Anglade n’a pas encore eu l’occasion de rencontrer en personne les membres de sa formation. Elle espère marquer un grand coup et revigorer les troupes à un an des élections.

Pour y arriver, elle misera sur l’hydrogène vert. Elle veut nationaliser cette filière énergétique et créer une société d’État, à l’image d’Hydro-Québec. Les revenus générés par une production publique de l’hydrogène vert permettraient de stimuler l’économie de la province et de réinvestir dans les programmes sociaux et les services publics.

Il s’agit également d’une occasion économique qui profiterait aux régions du Québec, selon les libéraux, qui ne cachent pas vouloir s’en rapprocher.

Le détail chiffré des visées sera présenté par la cheffe lors de son discours d’ouverture, ce vendredi. En coulisses, on explique vouloir créer un engouement autour de ce « projet de société », à l’instar du Plan Nord. On veut aussi se positionner comme la formation des « grands changements » de société.

Dominique Anglade a souvent affirmé vouloir mettre « l’économie au service de l’environnement », et non l’inverse. Elle veut se distancier d’une vision plus comptable et combiner le progrès environnemental à l’économie.

La nationalisation de l’hydrogène vert ouvrirait notamment la voie à la carboneutralité en 2050.

Mais elle n’est pas la seule à avoir cette filière dans sa ligne de mire. Le gouvernement Legault a annoncé pour l’automne une première stratégie québécoise de l’hydrogène vert.

Le premier ministre, François Legault, est rentré de la COP26 avec cette source d’énergie en tête pour atteindre ses cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Selon nos informations, le gouvernement a l’intention de créer une nouvelle société d’État chargée de développer cette filière. Dans son minibudget présenté jeudi, Québec réitère seulement pour l’heure son intention de dévoiler une stratégie québécoise sur l’hydrogène vert et les bioénergies.

Les libéraux estiment aller plus loin que la Coalition avenir Québec (CAQ) en proposant la nationalisation de la totalité de la production future. Les atouts du Québec pour devenir un leader mondial de l’hydrogène vert sont nombreux, selon une étude réalisée par l’antenne montréalaise de la firme Boston Consulting Group.

Selon cette étude, dont La Presse a rapporté les conclusions la semaine dernière, le Québec doit rapidement accroître ses investissements dans cette filière s’il ne veut pas se faire damer le pion par l’Australie et l’Allemagne.

Lisez notre article sur l'étude de la firme Boston Consulting Group

Large place faite à l’environnement

Les militants débattront samedi de nombreuses propositions regroupées autour de quatre axes : environnement et changements climatiques ; services aux citoyens ; modernisation de l’agriculture ; pénurie de main-d’œuvre et progrès économique. Une large place est accordée aux propositions environnementales.

Le Parti libéral propose notamment de faire du droit à la protection de l’environnement et de la biodiversité un droit fondamental qui aurait « une valeur supralégislative », ce qui veut dire qu’il pourrait rendre invalides des lois et des décisions gouvernementales qui ne le respecteraient pas.

Une dizaine de propositions visent uniquement la protection de l’eau potable. On y indique notamment vouloir « augmenter significativement les redevances pour l’eau ».

Quelque 800 militants ont confirmé leur participation à ce 34e congrès des membres. Chez les libéraux, on ne cache pas que cette réunion très attendue constitue le coup de départ vers le scrutin de 2022. Le Parti libéral est à la traîne dans les sondages, loin derrière la CAQ.

La cheffe Dominique Anglade espère, lors du congrès, arriver à mettre derrière elle les jours plus difficiles où elle a eu à dépouiller de ses responsabilités l’ex-ministre Gaétan Barrette et montrer la porte à la députée de Maurice-Richard, Marie Montpetit. Le père de cette dernière, militant libéral de longue date, doit d’ailleurs être présent ce week-end.

Marc Montpetit aurait l’intention de démissionner de tous les postes qu’il occupe au sein du PLQ à la fin du congrès pour protester contre le traitement réservé à sa fille, a rapporté Le Journal de Montréal.