Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a beau trouver le discours du Trône vide et digne d’un « travail de cégep d’une demi-journée », son parti lui donnera tout de même son appui, permettant ainsi aux libéraux minoritaires de survivre à ce premier test.

« On ne peut pas voter contre la tarte aux pommes », s’est-il exclamé mardi.

« C’est décevant, mais je reste convaincu parce qu’on l’a fait dans le passé, notamment dans la dernière législature, qu’on peut améliorer les choses en intervenant subséquemment », a-t-il ajouté. Le Bloc québécois compte donc négocier avec le gouvernement Trudeau pour faire des « gains pour le Québec », comme il l’avait promis en campagne électorale.

Il ne s’inquiète pas de l’absence des transferts en santé dans le discours ni de la volonté qui y est exprimée par le gouvernement fédéral de collaborer avec les provinces. « Ça pourra vouloir dire une chose et son contraire, a-t-il dit. […] C’est tellement vague que c’est dur d’avoir une opinion sur cette vacuité dans le discours du Trône. »

Le Bloc québécois compte également appuyer le projet de loi de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, sur les mesures de soutien durant la pandémie. Il est écrit de sorte que des programmes d’aide, comme celui qu’il réclame pour le secteur culturel, puissent être ajoutés.

Appui suffisant pour les libéraux

Avec l’appui des 32 bloquistes, les libéraux sont ainsi assurés d’obtenir plus que les 170 sièges requis pour franchir cette première étape comme gouvernement minoritaire.

Ni le chef néo-démocrate ni le chef conservateur n’ont voulu dire s’ils voteraient pour le discours du Trône. Toutefois, les critiques d’Erin O’Toole suggéraient sans surprise qu’il n’y aurait pas d’appui du caucus conservateur.

« Il n’y a rien dans ce discours du Trône sur l’inflation, la crise du coût de la vie, la crise de l’unité nationale, il n’y a aucun plan pour faire travailler les gens, a-t-il énuméré. […] Pour les millions de Canadiens laissés pour compte, nous allons être leur voix pour l’économie. Nous n’avons rien entendu de ce gouvernement. »

Il a accusé les libéraux d’aggraver la hausse de l’inflation en continuant de multiplier les dépenses et de faire mal aux entreprises avec leurs hausses d’impôt. « L’inflation a monté en flèche à 4,7 % et continue de grimper, mais le taux horaire a seulement augmenté de 2 % au cours de la dernière année », a-t-il dénoncé.

Il a accusé le gouvernement Trudeau d’empêcher de fournir du « pétrole éthique » en provenance de l’Alberta, nuisant ainsi aux travailleurs du secteur de l’énergie.

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Erin O’Toole, chef du Parti conservateur du Canada

Sous Justin Trudeau, le Canada est divisé. Pour régler ça, il doit agir en partenaire avec les provinces, non pas en paternaliste.

Erin O’Toole, chef du Parti conservateur du Canada

Les libéraux ne doivent pas tenir pour acquis l’appui des néo-démocrates, a mis en garde leur chef, Jagmeet Singh. Il a dit vouloir consulter son caucus avant de décider comment le Nouveau Parti démocratique votera.

« Notre soutien à tout projet de loi dépendra si ça aide les gens ou non et, à ce jour, cette vision ne permettra pas aux gens d’améliorer leur vie de manière significative », a-t-il indiqué.

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Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique

Si les libéraux veulent travailler avec nous, ils savent ce qui nous préoccupe : le logement, les gens sont désespérés de se trouver un logis ; la crise climatique, nous sommes prêts à nous battre pour nous assurer que nous faisons notre part, un plan pour les travailleurs.

Jagmeet Singh, chef du Nouveau Parti démocratique

M. Singh presse le gouvernement d’éliminer les subventions aux entreprises pétrolières. Il a également dénoncé l’absence dans le discours du Trône des transferts en santé pour les provinces, de l’assurance médicaments universelle et des soins dentaires.

Le français de la gouverneure générale critiquée

Si le chef bloquiste s’est abstenu de critiquer le français de la gouverneure générale, le sénateur conservateur Claude Carignan n’a pas hésité en lui donnant une note de 4 sur 10 pour l’effort. Ce dernier évalue que « moins de 10 % du contenu du discours du Trône était en français ».

« Le chef d’État du Canada s’est donc à peine adressé à plus de 8 millions de ses concitoyens, a-t-il déclaré dans un communiqué. Ce discours est une gifle à tous les francophones du Canada. »

Il s’est ensuite attaqué au premier ministre Trudeau, qui a nommé Mary Simons au poste de gouverneure générale du Canada. La leader inuite parle l’inuktitut et l’anglais, mais elle avait promis d’apprendre le français.