Il faudra attendre encore quelques années avant de peut-être voir une deuxième femme à la présidence de la Chambre des communes. Le libéral Anthony Rota, qui a mené la barque durant la pandémie, a été réélu par ses pairs lundi.

Trois femmes étaient lice parmi les sept députés intéressés par le poste, soit la libérale Alexandra Mendès, l’ex-cheffe du Parti vert Elizabeth May et la néo-démocrate Carol Hughes. Les autres candidats étaient les conservateurs Joël Godin, Chris d’Entremont et Mark Dalton. Mme Mendès et M. Godin étaient les deux seuls Québécois à se présenter.

Aucune femme n’a été élue à la présidence de la Chambre des communes depuis Jeanne Sauvé au début des années 1980. L’ancienne gouverneure générale avait alors été nommée par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau en 1980 et avait occupé ce siège jusqu’en 1984. Il s’agissait également de la dernière francophone du Québec à occuper ce poste. Fransaskoise d’origine, Mme Sauvé avait été élue dans la circonscription montréalaise d’Ahuntsic à l’époque.

Anthony Rota a plutôt été élu pour présider les débats lors d’un scrutin préférentiel secret. Dans son discours de candidature, il a insisté sur l’importance que le président de la Chambre des communes « puisse s’exprimer sans difficulté en français et en anglais ». Le Franco-Ontarien qui représente la circonscription de Nipissing–Timiskaming a même cité le refrain de la chanson L’escalier, de Paul Piché, et a dit s’en inspirer lorsqu’il préside les travaux parlementaires.

En plus du salaire de base de député de 185 800 $, le président de la Chambre des communes reçoit une rémunération supplémentaire de 88 700 $ et une allocation automobile de 1000 $. Il dispose également d’une résidence officielle à Kingsmere, dans les collines de la Gatineau.

Le premier mandat de M. Rota à la présidence n’avait pas été de tout repos puisqu’il avait dû superviser l’implantation de débats parlementaires hybrides pour permettre à certains députés d’y participer à distance.

La plupart des députés étaient présents lundi pour le début de cette nouvelle session parlementaire. Le retour à un format hybride est toutefois prévisible après l’adoption d’une motion déposée par les libéraux et à laquelle le Nouveau Parti démocratique donnera son appui. Le débat devrait avoir lieu mercredi.

Les bloquistes, comme les conservateurs, s’opposent au format hybride. Les 32 députés du Bloc québécois promettent de se présenter en personne, de toute manière.

Les libéraux s’attaquent aux exemptions médicales

Les libéraux n’ont pas perdu de temps pour lancer les hostilités contre leurs adversaires conservateurs. Le champ de bataille : les exemptions médicales des députés conservateurs non vaccinés.

« C’est improbable qu’il y ait [autant] d’exemptions médicales », a soupçonné Mark Holland, leader parlementaire du gouvernement, lors d’un point de presse lundi matin.

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Mark Holland, leader parlementaire du gouvernement

Même s’il ignore le nombre d’exemptions médicales obtenues par les conservateurs, M. Holland soumet que n’importe quel chiffre au-dessus de un ne serait pas crédible. Pour justifier son raisonnement, il cite les statistiques : entre 1 et 5 personnes sur 100 000 auraient droit à une exemption médicale pour ne pas se faire vacciner contre la COVID-19. Le chef Erin O’Toole refuse de dire combien de députés dans son caucus en ont obtenu une.

M. Holland a donc déposé un avis de motion, lundi après-midi, pour que le débat sur le retour à des séances hybrides porte également sur la question des exemptions médicales.

La motion prévoit ainsi que les députés qui voudront participer en personne, et non pas via écrans, aux travaux parlementaires devront être vaccinés, et « les raisons de l’exemption médicale », s’il y en a une, devront suivre les « lignes directrices » des autorités sanitaires ontariennes.

Ces raisons d’exemptions acceptées par le ministère ontarien de la Santé sont peu nombreuses et précises.

Les bloquistes et les néo-démocrates sont d’accord avec les libéraux pour que seules les raisons acceptées par les autorités sanitaires ontariennes permettent une exemption médicale à un député non vacciné.

« Le flou ne peut perdurer chez les conservateurs, et nous voyons ainsi d’un bon œil que les exemptions médicales accordées à certains membres du caucus conservateur soient contrevérifiées », a souligné, dans une déclaration écrite, Alain Therrien, leader parlementaire du Bloc québécois.

Les députés de toutes les formations politiques sur la colline parlementaire sont pleinement vaccinés, à part un nombre inconnu de députés conservateurs. La 44e session législative s’ouvrira officiellement mardi avec le discours du Trône, qui énoncera les priorités du gouvernement.

Avec La Presse Canadienne