Cinq des dix plus grandes villes du Québec seront dirigées par une femme. Montréal, Longueuil, Gatineau, Sherbrooke et Saguenay auront tous une mairesse, alors que Québec a échappé à Marie-Josée Savard en toute fin de soirée.

Outre Valérie Plante qui a été réélue dans la métropole, Catherine Fournier a été portée au pouvoir à Longueuil, France Bélisle à Gatineau, Évelyne Beaudin à Sherbrooke et Julie Dufour à Saguenay.

Après avoir eu sa première mairesse il y a quatre ans, la métropole sera maintenant dirigée par deux femmes, a souligné Valérie Plante dans son discours de victoire, puisque Dominique Ollivier deviendra la nouvelle présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Catherine Fournier, nouvelle mairesse de Longueuil

En mêlée de presse en fin de soirée, Catherine Fournier, nouvelle mairesse de Longueuil, a dit être « très fière et émue de faire partie de cette vague [féminine] historique ». « J’espère que ça va faire ses petits sur l’ensemble des scènes politiques au Québec. »

« On va l’avoir fait ! Une première femme à la mairie ! a lancé Évelyne Beaudin, nouvelle mairesse de Sherbrooke. Regardez les petites filles autour de vous, les petites filles qui veulent faire de grandes choses et qui, maintenant, auront des modèles dans toutes les sphères. »

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Évelyne Beaudin, nouvelle mairesse de Sherbrooke

À Gatineau, elles étaient même deux à se porter candidates au poste de maire, tout comme à Magog.

Maude Marquis-Bissonnette, candidate défaite à Gatineau, a souligné que malgré sa déception, la victoire de son opposante France Bélisle représentait « un plafond de verre de plus qui explose ».

« Ce n’est pas seulement une évolution, c’est une révolution ! », s’est exclamée en entrevue téléphonique Colette Roy-Laroche, ex-mairesse très connue de Lac-Mégantic.

« Ça démontre que les mentalités évoluent, et je suis impressionnée par la qualité des mairesses de grandes villes qui ont été portées au pouvoir. Elles me semblent avoir de grandes compétences et de la vision. »

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Julie Dufour, nouvelle mairesse de Saguenay

Cela étant dit, Mme Roy-Laroche doute que tout soit acquis pour elles. Elle craint qu’à certains égards, elles doivent encore se battre pour faire reconnaître leurs compétences, tout comme elle dit avoir dû elle-même démontrer, à son premier mandat en 2002, qu’elle avait « toute la crédibilité voulue pour parler d’infrastructures ».

Cette percée des femmes dans les grandes villes était prévisible. Comme l’a calculé le groupe Femmes, Politique et Démocratie, parmi les 22 municipalités de plus de 50 000 habitants, le taux de candidatures féminines, tous postes confondus, était nettement supérieur à celui de l’ensemble des municipalités du Québec. Pour les postes de maire, il était de 34,1 % dans les grandes villes, comparativement à 24,3 %. « Tout un contraste avec 2017, où l’on ne comptait que 19,1 % aux postes de maire dans les 20 plus grandes villes de 50 000 habitants et plus », lance Thérèse Mailloux, présidente du groupe Femmes, Politique et Démocratie.

Mme Mailloux a maintenant hâte de voir la composition des différents conseils municipaux. « Valérie Plante et Catherine Fournier à Longueuil présentaient des équipes paritaires, tout comme des hommes candidats à la mairie ailleurs », souligne-t-elle.

Suzanne Roy, ex-présidente de l’Union des municipalités du Québec, se réjouit aussi pour sa part du fait que de plus en plus de femmes se sont présentées pour être conseillères. « C’est comme ça que je suis arrivée à la politique. Être conseillère, c’est la porte d’entrée. »

Une fracture entre grandes et petites villes et villages

Cette victoire éclatante des femmes dans les grandes villes fait cependant encore plus ressortir la fracture avec les plus petites municipalités dont est composé en bonne partie le Québec et où la parité est encore loin d’être acquise.

« À certains endroits encore, le conseil municipal est entièrement composé d’hommes », fait observer Thérèse Mailloux.

« Dans les petites municipalités, il y a très peu de renouvellement, ajoute-t-elle. Souvent, le maire est en place depuis trois, quatre ou cinq mandats et les cartes ne s’y brassent pas facilement. Les candidats indépendants se retrouvent seuls devant une équipe déjà en place. »

Selon des données du ministère des Affaires municipales, dans l’ensemble de la province, la proportion officielle des femmes candidates au poste de maire cette année était de 24,3 % (438/1802) et de 37,4 % au poste de conseiller (3882/10 380). Après les élections municipales de 2017, on comptait 18,8 % de mairesses et 34,5 % de conseillères.