(Québec) Le Parti québécois (PQ) réclame la comparution en commission parlementaire du grand patron de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), Frédérick Gaudreau, à la suite des récents déboires de ce corps policier.

Le PQ demande aussi des sanctions contre le numéro deux de l’UPAC, Sylvain Baillargeon, ciblé comme étant responsable de l’arrêt des procédures lundi contre l’ex-maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille.

« La confiance (envers l’UPAC) est ébranlée », a justifié le leader parlementaire péquiste, Martin Ouellet, en entrevue téléphonique.

La juge Nancy McKenna a ordonné l’arrêt des procédures contre l’ex-maire, accusé de corruption et d’abus de confiance. Elle a écorché l’UPAC et reproché à M. Baillargeon ses réponses évasives et contradictoires, son manque de sincérité, son manque de transparence, et a noté que la crédibilité de ce témoin est ternie de façon irrémédiable.

Le PQ a donc transmis une lettre vendredi à la Commission des institutions pour qu’elle convoque Frédérick Gaudreau.

« J’aimerais qu’il me convainque que ce qui s’est passé ne se reproduira plus et que les personnes qui ont posé ces gestes-là subiront des sanctions », a expliqué Martin Ouellet.

La Presse Canadienne a obtenu une lettre transmise à la Commission des institutions par le Parti québécois (PQ) vendredi, qui demande à entendre M. Gaudreau.

M. Ouellet s’interroge sur le « changement de culture » qui devait arriver à la nomination de Frédérick Gaudreau, après des années de cafouillage et revers gênants.

« Qu’est ce qui a changé, depuis son arrivée ? Quelles sont les balises ou les façons de faire que l’UPAC met de l’avant pour traîner devant les tribunaux les gens corrompus, les ripoux ? »

L’opposition officielle libérale est allée jusqu’à évoquer pour la première fois jeudi le pouvoir de destitution dont disposent les élus, s’ils veulent limoger le commissaire de l’UPAC, mais le PQ ne va pas aussi loin. La formation souverainiste veut d’abord entendre le patron de l’UPAC.

En outre, le PQ demande aussi d’entendre la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, ainsi que le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).

La commission parlementaire devra donc se pencher prochainement sur la demande.

M. Ouellet estime que les collègues des autres oppositions, le Parti libéral et Québec solidaire, pourraient appuyer la demande, mais comme les élus caquistes sont majoritaires, ils pourront trancher.

« Permettez-moi de douter de la volonté (du gouvernement caquiste) d’aller au fond des choses », a-t-il commenté.

Rappelons qu’en 2015, le Parti québécois, qui formait alors l’opposition officielle, avait obtenu, avec l’aval des élus libéraux du gouvernement, la comparution du commissaire de l’UPAC de l’époque, Robert Lafrenière.

Jeudi, les débats se sont rapidement envenimés en Chambre concernant les déconvenues de l’UPAC.

Le porte-parole libéral Marc Tanguay a rappelé que c’est le gouvernement caquiste qui a procédé à la nomination de M. Baillargeon.

Appelée plusieurs fois à renouveler sa confiance envers la haute direction, la ministre Guilbault s’est limitée à indiquer qu’elle avait confiance en l’organisation.

La ministre est demeurée prudente puisque le Couronne pourrait envisager de faire appel dans le dossier, a justifié un porte-parole proche du dossier.