(Ottawa) Le Parlement nouvellement élu doit durer quatre ans, soit un plein mandat, même si le gouvernement libéral est minoritaire, maintient le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, qui se dit prêt à travailler avec les autres partis pour s’assurer que l’on respecte le mandat que les électeurs ont confié aux élus.

M. Blanchet s’est d’ailleurs dit prêt à échanger de vive voix plus souvent avec le premier ministre Justin Trudeau, comme il l’a fait mardi au téléphone en prévision de la rentrée parlementaire du 22 novembre. Il est aussi prêt à s’entretenir tout aussi souvent avec le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, afin d’aplanir des différends sur des mesures importantes pour assurer la relance économique, par exemple.

Au dernier scrutin, tenu deux ans avant la fin du mandat des libéraux de Justin Trudeau, les électeurs ont opté essentiellement pour le statu quo parlementaire. Le Parti libéral a remporté 160 sièges, soit 10 sièges de moins que la majorité requise à la Chambre des communes. Le Parti conservateur en a récolté 119, le Bloc québécois, 32, le Nouveau Parti démocratique, 25 et le Parti vert, 2.

Selon M. Blanchet, tous les partis politiques doivent tenir compte de la décision des électeurs et agir en conséquence pendant les quatre prochaines années. Et les entretiens entre le premier ministre et les chefs des autres formations politiques devraient être un outil à privilégier pour assurer un mandat de quatre ans.

« Au-delà de la joute politique, j’aime mieux ça jaser avec M. Trudeau ou les autres chefs. J’ai une bonne relation avec M. Trudeau et avec M. O’Toole. Nos cabinets peuvent se parler plus souvent », a affirmé le chef bloquiste dans une entrevue accordée à La Presse.

Certes, le Bloc québécois peut avoir des différends avec le gouvernement Trudeau sur la modernisation de la Loi sur les langues officielles ou encore le programme de contestation judiciaire, mais il existe plusieurs dossiers où ils peuvent travailler ensemble de manière plus efficace, notamment la relance économique et la lutte contre les changements climatiques.

Ce Parlement doit durer quatre ans. C’est cela, le mandat. […] Si on se parle des enjeux avant d’arriver au Parlement, plutôt que d’essayer de faire mal paraître l’autre, on va essayer d’arriver avec une solution et de la faire simplement cautionner et entériner par le Parlement plutôt que de faire une joute politique qui ne correspond pas à ce que la population a demandé.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

« Il y a des enjeux sur lesquels on s’est mis d’accord avant de les soumettre au Parlement [durant la pandémie] et ça a passé comme une lettre à la poste. Ça a servi le bien commun. Ça a servi le Québec. Je suis très ouvert à cela. »

Durant l’entretien qu’il a eu mardi avec le premier ministre, M. Blanchet est revenu à la charge en proposant, comme il l’avait fait durant la campagne électorale, la tenue d’un sommet sur le financement des soins de santé. « Il faut élargir le nombre de personnes autour de la table. Il faut y retrouver les premiers ministres, les ministres de la Santé et les chefs de l’opposition, peut-être la société civile. Il faut que le sommet soit public aussi. Il faut faire très vite. L’urgence est là. Les provinces sont en train d’étouffer financièrement », a-t-il soutenu.

Plus de richesse grâce à la transition écologique

Selon M. Blanchet, le « thème central » qui doit dominer les travaux parlementaires durant les quatre prochaines années doit être la lutte contre les changements climatiques et la transition écologique.

« J’ai toujours défendu l’idée que l’on peut créer davantage de richesse dans un modèle plus écologique », a affirmé le chef bloquiste, citant l’exemple du récent contrat conclu par Hydro-Québec pour la vente d’électricité à l’État de New York ou encore la construction d’une première ambulance totalement électrique au monde « qui sera faite dans [son] comté à Belœil ».

« Il y a plus de richesse à créer avec le nouveau modèle qu’avec l’ancien modèle. Il faut faire preuve de compassion avec l’Alberta, qui va devoir changer son modèle. C’est l’occasion pour le premier ministre Justin Trudeau, pour les libéraux, de prouver qu’ils sont sérieux. Il faut forcer une transition auprès de ceux qui sont réfractaires. Et il faut encourager ceux qui sont fortement engagés dans la transition, au premier chef, bien sûr, le Québec », a-t-il noté.