Les électeurs québécois seront de nouveau choyés durant la campagne électorale à venir : deux débats en français sont dans les cartons, donnant ainsi aux leaders des différentes formations politiques l’occasion de courtiser à souhait le Québec. Mais un seul débat est prévu en anglais, a appris La Presse.

Un débat en français doit être organisé par le réseau TVA. La Commission des débats des chefs organisera les deux autres joutes oratoires, l’une en anglais et l’autre en français. TVA ne fait pas partie du Groupe de diffusion des débats, qui rassemble les principaux diffuseurs du pays et des médias écrits et qui s’occupe de la production et de la diffusion des débats durant les élections fédérales.

Selon nos informations, TVA a déjà envoyé une invitation aux différents partis politiques au cours des dernières semaines afin d’organiser son traditionnel Face-à-Face, qui jouit d’une forte cote d’écoute au Québec durant les campagnes provinciales ou fédérales. Et tout indique que la réponse sera positive.

En effet, le premier ministre Justin Trudeau voit d’un bon œil l’idée de participer à deux débats en français, les libéraux ayant la ferme intention de faire des gains importants au Québec, aux dépens du Bloc québécois, dans l’espoir de former un gouvernement majoritaire.

Des sources au Parti conservateur, au Nouveau Parti démocratique (NPD) et au Bloc québécois ont confirmé à La Presse avoir reçu l’invitation du réseau TVA et qu’une participation de leur chef respectif à ce choc des idées est acquise.

L’importance du Québec

Que les leaders des principales formations politiques à la Chambre des communes acceptent de croiser le fer à deux reprises dans la langue de Molière illustre à nouveau toute l’importance qu’occupe le Québec sur l’échiquier politique canadien.

En tout, le Québec détient 78 des 338 sièges que compte la Chambre des communes.

C’est dans la Belle Province qu’ont eu lieu des vagues qui ont marqué l’histoire au cours des trois dernières décennies.

En 1984, une vague conservatrice a permis à Brian Mulroney de remporter la plus forte majorité de l’histoire du pays. En 1993, une vague bloquiste a permis au chef souverainiste Lucien Bouchard d’occuper les fonctions de chef de l’opposition officielle aux Communes.

En 2011, la vague orange au Québec a donné au NPD la chance de former l’opposition officielle pour la première fois de son histoire. Et en 2015, une vague libérale a permis à Justin Trudeau de mener son parti de la troisième place à la première et de devenir premier ministre. Résultat : le Québec est un terrain électoral à conquérir à chaque scrutin.

Selon nos informations, M. Trudeau compte se rendre à Rideau Hall dimanche afin de demander à la nouvelle gouverneure générale Mary Simon de dissoudre le Parlement. À moins d’un revirement de taille de dernière minute, les Canadiens seront ainsi convoqués aux urnes le 20 septembre.

Comme aux dernières élections

Aux dernières élections fédérales, deux débats en français avaient également eu lieu et un seul avait été organisé dans la langue de Shakespeare, au grand dam de certains chroniqueurs de la presse anglophone.

Le tout premier débat avait eu lieu en français sur les ondes de TVA.

Le chef du Parti conservateur de l’époque, Andrew Scheer, avait trébuché sur les enjeux sociaux et n’avait jamais été en mesure de reprendre l’offensive par la suite durant la campagne.

De son côté, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, avait réussi à s’imposer grâce à sa maîtrise de la langue française, donnant à ses troupes l’énergie et l’élan pour revenir en force le jour du scrutin. Sous sa houlette, le Bloc québécois a remporté 32 sièges au dernier scrutin, une récolte nettement supérieure aux 10 sièges obtenus en 2015 et aux 4 sièges de 2011.

Justin Trudeau a aussi pu profiter des tergiversations d’Andrew Scheer sur la question de l’avortement pour marquer des points lors du Face-à-Face à TVA, lui donnant ainsi une marge de manœuvre durant les deux débats qui ont suivi.

Le chef du Parti populaire du Canada (PPC), Maxime Bernier, n’avait pas été invité au débat de TVA, ni la leader du Parti vert de l’époque, Elizabeth May. Ces derniers avaient toutefois pu participer aux deux débats organisés par la Commission.

Critères de participation

En juin, la Commission a annoncé les critères de participation aux prochains débats des chefs. Ainsi, le commissaire David Johnston a établi que le chef d’un parti politique doit répondre à l’un des critères suivants pour être invité aux joutes oratoires :

  • à la date du déclenchement des élections générales, son parti doit être représenté à la Chambre des communes par un député ayant été élu à titre de membre de ce parti ; ou
  • les candidats du parti doivent avoir obtenu lors des élections générales précédentes au moins 4 % du nombre de votes validement exprimés ; ou
  • cinq jours après la date du déclenchement des élections générales, le parti doit récolter un soutien national d’au moins 4 %, déterminé par les intentions de vote et mesuré par les principales firmes nationales de sondage d’opinion, en utilisant la moyenne des derniers résultats publiés par ces firmes.

En vertu de ces critères, le chef du PPC, Maxime Bernier, qui a mordu la poussière dans Beauce au dernier scrutin et compte briguer à nouveau les suffrages, pourrait être exclu des débats de la Commission.