Le sort des gens touchés par la pandémie demeure la priorité du parti, assure le chef Jagmeet Singh

(Ottawa) En mettant de côté, avant le début de son congrès national, des résolutions controversées condamnant la Loi sur la laïcité de l’État au Québec ou exigeant l’abolition des Forces armées canadiennes, le Nouveau Parti démocratique (NPD) démontre que sa priorité absolue est de défendre les intérêts des gens ordinaires durement frappés par la pandémie de COVID-19, affirme le chef du parti, Jagmeet Singh.

Se réjouissant d’attirer de nouveau des candidats vedettes comme l’épidémiologiste Nimâ Machouf, qui a été confirmée comme candidate du NPD jeudi soir dans la circonscription de Laurier–Sainte-Marie, M. Singh a affirmé que son parti serait prêt à en découdre avec les libéraux de Justin Trudeau, qui tiennent eux aussi leur congrès national cette fin de semaine, si des élections étaient déclenchées au cours des prochains mois.

Au premier jour du congrès virtuel rassemblant quelque 2000 militants, M. Singh a manifestement voulu donner le ton aux débats du week-end : la pandémie continue de faire des ravages et le NPD doit continuer d’user de son influence politique dans un contexte de gouvernement minoritaire pour faire adopter de nouvelles mesures qui permettront de soutenir les familles et les PME.

C’est clair que les néo-démocrates proposent des solutions pour aider les gens et pour faire face aux défis qu’on a en ce moment.

Jagmeet Singh, chef du NPD

« Toutes les résolutions, comme celles de s’assurer que les ultra-riches paient leur juste part ou d’améliorer nos programmes sociaux comme les soins de santé, ça démontre que les néo-démocrates ont ciblé les défis auxquels font face les gens, et des façons d’améliorer les conditions de vie des gens », a avancé M. Singh.

En coulisses, les stratèges néo-démocrates craignaient que les résolutions controversées, si elles avaient été jugées prioritaires par une majorité de militants, ne nuisent à l’image du parti à l’approche d’une campagne électorale. D’autant que, depuis le début de la pandémie, le NPD s’est targué d’avoir réussi à forcer la main au gouvernement libéral pour bonifier des mesures d’aide comme la Prestation canadienne d’urgence (PCU), la subvention salariale et les congés de maladie pour les travailleurs qui n’en ont pas.

Depuis six mois, ce travail aux Communes rapporte des dividendes. Le NPD, qui a obtenu 16 % des suffrages en 2019, récolte plus de 20 % dans les sondages depuis six mois.

Résultat : bon nombre des 70 résolutions retenues portent sur des questions concrètes comme l’augmentation du salaire minimum à 15 $, l’amélioration des soins de longue durée pour les aînés, la création d’un revenu minimum garanti, les transports en commun gratuits pour tous, l’annulation de la dette fédérale des étudiants et une hausse du taux d’imposition pour les contribuables millionnaires, entre autres.

La campagne se prépare

En conférence de presse, M. Singh a réitéré qu’il serait irresponsable de provoquer des élections alors que le pays doit surmonter la troisième vague de la pandémie. Mais cela ne veut pas dire que son parti ne prépare pas la prochaine campagne. À titre d’exemple, des annonces publicitaires vantant les gains obtenus par le parti durant la pandémie seront diffusées en français et en anglais à compter de ce samedi soir durant les matchs des équipes canadiennes de la LNH. Le NPD accélère aussi la nomination de ses candidats. Et le parti a réussi l’an dernier à liquider les dettes des campagnes de 2015 et de 2019 grâce à une augmentation des dons de militants.

Au sujet de la décision de Mme Machouf de tenter à nouveau sa chance dans Laurier–Sainte-Marie, circonscription remportée par le libéral Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine, aux élections d’octobre 2019, M. Singh a affirmé que cette candidature démontre que le NPD conserve des appuis au Québec.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’épidémiologiste Nimâ Machouf sera candidate du Nouveau Parti démocratique dans Laurier–Sainte-Marie aux prochaines élections fédérales.

« Elle est une candidate vedette pour nous. Elle a une expertise par rapport à la pandémie que nous avons en ce moment. Elle veut aider. Et on a vu depuis le début de la pandémie quelques grandes erreurs de la part du gouvernement libéral. On n’a pas la capacité de produire des vaccins ici au Canada. C’est un grand problème. Mme Machouf va faire avancer les débats et proposer des solutions qui vont aider les gens pendant cette pandémie et peut-être les autres pandémies à venir », a-t-il dit.

Dans une entrevue avec La Presse, vendredi, le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, a affirmé que le congrès de ce week-end permettrait de mettre en valeur « le bilan » du parti en prévision de la prochaine campagne.

Nous avons un bilan. La PCU à 2000 $ pour les travailleurs et les étudiants, la subvention salariale à 75 %, c’est grâce à notre travail si c’est devenu une réalité. Nous avons fait une différence. Et nous pourrions faire encore mieux s’il y avait plus de députés du NPD.

Alexandre Boulerice, chef adjoint du NPD

Il n’a pu s’empêcher de décocher une flèche aux libéraux, qui tiennent aussi leur congrès national de façon virtuelle. « Naturellement, les libéraux pensent d’abord aux libéraux. Et ils ont besoin de se faire pousser par une force de gauche qui est progressiste pour prendre les bonnes décisions. On va montrer ce qu’on a fait dans un gouvernement minoritaire. Et on va expliquer aussi tout ce qu’on ferait différemment si on était au gouvernement.

« Les gens savent que les libéraux, c’est un parti de banquiers. D’ailleurs, leur conférencier vedette, c’est Mark Carney, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre. Ils ne sont même pas subtils à ce sujet, alors que nous, au NPD, nous sommes le parti des travailleurs, des étudiants et des aînés. »