(Ottawa) La ministre Mélanie Joly renoue avec ses premières amours : l’organisation politique. À l’ouverture du congrès du Parti libéral du Canada (PLC), on lui confie le poste névralgique de coprésidente de la prochaine campagne électorale nationale.

« Ça a toujours été un intérêt, même une priorité, pour moi, l’organisation politique. J’ai commencé ma carrière politique active comme ça, en lançant un parti à Montréal […] et je sais que pour gagner une élection, il faut être organisé. C’est la base », lance-t-elle en entrevue avec La Presse.

L’une de ses « obsessions » sera de convaincre plus de femmes de tenter leur chance – refaçonner la représentativité au sein de la députation s’avère crucial dans le contexte où la pandémie a frappé plus durement les femmes, plaide la ministre.

« Les femmes doivent avoir une voix forte aux prochaines élections. C’est certainement quelque chose sur quoi je vais travailler, parce que je sais que ça prend plus de temps et plus d’arguments pour convaincre une femme de se lancer en politique », dit Mme Joly.

Elle coprésidera la campagne électorale avec Navdeep Bains. Le député ontarien, et ancien ministre, a choisi de ne pas briguer un nouveau mandat. Il est reconnu pour ses talents d’organisateur et sa capacité à lever des fonds.

« Le leadership de Mélanie Joly et de Navdeep Bains permettra de mettre sur pied une campagne efficace et novatrice, centrée sur notre plan positif », a fait valoir Justin Trudeau dans un communiqué où l’on spécifie que les coprésidents se mettraient au boulot « peu importe quand [l’élection] sera déclenchée ».

Le congrès du PLC qui s’est ouvert jeudi soir fait la part belle aux tractations stratégiques en vue du prochain scrutin. Au menu, des activités telles que « Campagnes sécuritaires et inclusives », « Être candidat libéral », « Mise à jour sur la préparation aux élections ».

Le pays pourrait être plongé en élections si les partis d’opposition s’opposent au budget du 19 avril – cela dit, le chef du NPD, Jagmeet Singh a signalé que son parti appuierait le gouvernement pour éviter un scrutin, quitte à le faire en se pinçant le nez.

Les néo-démocrates, qui tiennent aussi leur congrès en fin de semaine, ne représentent pas une menace pour les libéraux au Québec, où ils n’ont qu’un député, soit Alexandre Boulerice.

Le Bloc québécois, en revanche, promet d’être un adversaire redoutable. Il a fait élire 32 députés au scrutin d’octobre 2019, comparativement à 35 pour le PLC. La ministre Joly a cependant déjà sa ligne d’attaque toute prête.

« Le Bloc n’a jamais créé une job au Québec. Et après la pandémie, la question qui va se poser, c’est la création d’emploi. Ça va être notre obsession », exprime-t-elle, rappelant que le budget contiendra « entre 80 et 100 milliards de dollars » pour la relance.

Et les conservateurs ? Lorsque leurs membres réunis en congrès il y a deux semaines ont choisi à 54 % de battre une motion reconnaissant que les changements climatiques sont réels, ils ont « montré leur vraie couleur, et elle n’est pas verte », raille Mme Joly.

Près de 40 % des candidats libéraux, soit 133 sur 338, ont été investis en date du 9 avril.