(Ottawa) Le Canada condamne « sans équivoque » les actions de l’armée de la Birmanie, qui a déclaré un état d’urgence d’un an, a pris le contrôle effectif de la gouvernance du pays et détenu de hauts responsables civils du gouvernement.

Le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, a déclaré par communiqué que le Canada est « vivement préoccupé » par la situation.

Reprenant la déclaration de son ministre, Justin Trudeau a utilisé son compte Twitter pour exprimer aussi sa condamnation.

« Les récentes actions de l’armée de la Birmanie sont inacceptables, et le Canada les condamne fermement. Nous demandons la libération immédiate de tous ceux qui ont été détenus dans le cadre de cette opération. Le processus démocratique doit être respecté », a écrit lundi après-midi le premier ministre canadien, en relayant le communiqué du ministre des Affaires étrangères.

« Le Canada condamne sans équivoque ces actions, qui compromettent le processus pacifique de transition démocratique à la Birmanie », a indiqué le ministre Garneau.

Il a ajouté que le Canada soutient la Birmanie dans le développement d’institutions démocratiques et dans la promotion de la résolution pacifique des conflits. Il a appelé l’armée de la Birmanie à libérer toutes les personnes détenues dans le cadre de cette opération et à mettre fin immédiatement à toutes les entraves au processus démocratique.

L’armée birmane a organisé un coup d’État lundi et arrêté de hauts responsables politiques, dont la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi — un renversement brutal des progrès importants, quoiqu’inégaux, vers la démocratie que la nation d’Asie du Sud-Est avait réalisés après cinq décennies de régime militaire.

Une annonce lue sur la chaîne militaire Myawaddy TV a indiqué que le commandant en chef, le général Min Aung Hlaing, serait responsable du pays pendant un an. L’annonce précise que cette situation était en partie due à l’incapacité du gouvernement à donner suite aux allégations de fraude électorale de l’armée lors des élections de novembre dernier et parce qu’il avait permis la tenue d’élections malgré la pandémie de COVID-19.

La prise de contrôle a eu lieu le matin où la nouvelle session parlementaire du pays devait commencer et fait suite à des jours d’inquiétude quant à la possibilité d’un coup d’État. L’armée soutient que ses actions sont légalement justifiées — citant une section de la constitution qu’elle a rédigée qui lui permet de prendre le contrôle en cas d’urgence nationale —, bien que le porte-parole du parti de Suu Kyi ainsi que de nombreux observateurs internationaux aient déclaré que cela équivalait à un coup d’État.

Dénoncées à l’international

Les actions de l’armée ont fait l’objet d’une large condamnation internationale. Le nouveau secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a publié une déclaration exprimant « une grave préoccupation et une inquiétude » concernant les détentions signalées.

« Nous appelons les chefs militaires birmans à libérer tous les représentants du gouvernement et les dirigeants de la société civile et à respecter la volonté du peuple birman exprimée lors d’élections démocratiques », a-t-il écrit en utilisant l’ancien nom de la Birmanie.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a aussi fermement condamné la détention de dirigeants civils de la Birmanie.

Le premier ministre australien Scott Morrison a réitéré l’opposition de son pays à toute tentative de modifier les résultats des élections et a exhorté toutes les parties à adhérer aux normes démocratiques.

Les groupes de défense des droits de l’homme demandent la libération immédiate d’Aung San Suu Kyi et d’autres dirigeants civils à la Birmanie.

Human Rights Watch s’est dit préoccupé par la sécurité des personnes détenues.

Amnistie internationale a noté que la violence et les exécutions extrajudiciaires avaient marqué les coups d’État passés et a exhorté les forces armées de la Birmanie à faire preuve de retenue.

« Les arrestations simultanées d’éminents militants politiques et défenseurs des droits humains envoient un message effrayant selon lequel les autorités militaires ne toléreront aucune dissidence », a évoqué Amnistie internationale.