(Ottawa) À la suite de la décision du chef conservateur Erin O’Toole d’expulser un député de son caucus, des factions du mouvement conservateur au Canada s’interrogent sur leur propre avenir au sein du parti.

Parmi elles : certains défenseurs des armes à feu, qui se disent préoccupés par ce que cette décision pourrait signifier pour leurs membres qui ont soutenu M. O’Toole lors de la course à la direction de l’année dernière, en partie en raison de ses promesses de défendre leur cause.

Le député ontarien Derek Sloan a été démis de ses fonctions la semaine dernière pour ce que M. O’Toole a appelé une « tendance de comportements destructeurs » qui nuisait à l’équipe.

Pendant sa courte période en tant que député socialement conservateur et candidat à la direction du parti, les opinions extrêmes de M. Sloan ont suscité la controverse, et M. O’Toole a déclaré que la goutte d’eau avait été le fait que M. Sloan avait accepté un don d’un suprémaciste connu.

Mais la décision de le renvoyer a été perçue par certains de ses partisans comme une réponse aux efforts de M. Sloan pour influencer le congrès des conservateurs, prévu en mars, par le biais de motions qui pourraient à leur tour nuire aux efforts de M. O’Toole pour élargir l’attrait du parti.

Dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne la semaine dernière, M. O’Toole a nié que sa décision ait été une réponse directe à la tentative des conservateurs sociaux de devenir la force dominante au congrès.

Bien qu’il ait lancé le processus pour expulser M. Sloan, M. O’Toole a noté que la décision avait été prise par les députés conservateurs, par vote.

Plusieurs, y compris certains qui s’identifieraient eux-mêmes comme socialement conservateurs, avaient exprimé leur frustration depuis la course à la direction de l’année dernière quant au fait que les vues de M. Sloan sur les droits des membres de la communauté LGBTQ et d’autres enjeux puissent nuire au parti lors d’une élection générale.

Si les conservateurs sociaux sont considérés comme la faction la mieux organisée du parti, la communauté des propriétaires d’armes à feu, vient en deuxième position.

Charles Zach, directeur général de l’Association canadienne pour les armes à feu, a déclaré qu’il n’avait aucun commentaire spécifique sur la situation de M. Sloan.

Mais il a ajouté que la décision de M. O’Toole soulevait des inquiétudes : s’il est prêt à écarter M. Sloan, qu’en est-il des amateurs d’armes à feu ?

« Si c’est de cette façon que sera menée la prochaine campagne électorale par le PCC, oui, nous craignons que nos attentes ne soient pas au programme », a-t-il déclaré.

« Et où cela nous laisse-t-il ? »

Tout comme M. O’Toole a courtisé les membres conservateurs sociaux pendant la course à la direction, il a aussi sollicité le soutien des défenseurs des armes à feu.

Ce faisant, il a mis à profit son passage dans l’armée et un lien personnel — son directeur de campagne était Fred DeLorey, qui, pendant un certain temps, a été lobbyiste pour l’Association canadienne pour les armes à feu. M. DeLorey est désormais responsable de diriger la prochaine campagne électorale générale du parti.

L’effort de M. O’Toole pour courtiser les défenseurs des armes à feu au Québec l’aurait aidé à remporter la victoire, car les membres du parti de la province ont une énorme influence sur le système de vote par points utilisé par le Parti conservateur.

Le débat national sur les armes à feu est généralement perçu comme opposant les préoccupations des chasseurs et des agriculteurs des régions rurales, qui considèrent les armes à feu comme une partie essentielle de leur vie, aux citadins qui ne pensent aux armes que dans le contexte de la criminalité.

Les conservateurs ont besoin de ces électeurs urbains pour former une majorité, et élaborer une politique des armes à feu qui ne les effraie pas tout en apaisant la base pourrait être un défi pour M. O’Toole, a suggéré M. Zach.