Comme il fallait s’y attendre, Justin Trudeau n’est pas parvenu à convaincre les partis d’opposition sur son rôle dans la controverse entourant UNIS.

Fait rare dans la politique canadienne, le premier ministre a été interrogé jeudi par les membres d’un comité parlementaire sur la décision du conseil des ministres de confier à UNIS la supervision d’un programme de 912 millions visant à accorder des bourses aux étudiants et aux diplômés faisant du bénévolat.

À la suite de cette comparution, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, juge que la population n’est guère plus avancée sur les raisons qui ont poussé le gouvernement à faire appel à UNIS.

En conséquence, il a réclamé de nouveau les départs de M. Trudeau et du ministre des Finances, Bill Morneau. Sinon, il menace une nouvelle fois les libéraux de faire tomber le gouvernement à la reprise de la session parlementaire automnale.

Selon lui, il s’agit d’une question de « nécessité ».

« Si le premier ministre du Canada et le ministre des Finances du Canada ne sont pas dans une situation de faire une bonne gestion de la crise, parce qu’ils gèrent un scandale financier, parce qu’ils ont la tête ailleurs, je comprends entre une mauvaise gestion de la crise et une élection, […] je pense que les gens comprendront », a souligné M. Blanchet lors d’un point de presse à Saguenay.

Le chef bloquiste a toutefois martelé que l’idée de faire tomber le gouvernement n’avait pas sa préférence. « Notre préférence, c’est que M. Trudeau et M. Morneau se retirent pour qu’on puisse revenir à la gestion. Combien de changements dans les programmes auraient dû être faits dans les dernières semaines ? », a-t-il lancé.

Qualifiant le témoignage du premier ministre de « tofu sans saveur », M. Blanchet considère que M. Trudeau se retrouve devant les termes d’une alternative aussi inacceptables les uns et les autres. « S’il ne le savait pas (les montants que l’organisme UNIS a versés à des membres de sa famille), alors c’est un bien piètre premier ministre en matière des intérêts de l’État. S’il savait, il s’est placé dans une apparence grave de conflits d’intérêts. »

Il ne s’est pas montré convaincu par les remords du premier ministre qui a dit aux élus qu’il s’était posé des questions lorsque les fonctionnaires ont recommandé le recours à UNIS.

« Le petit ange de l’éthique qui, parfois, vient flotter au-dessus de l’épaule. Il l’a repoussé ce petit ange de l’éthique », s’est moqué M. Blanchet.

Les autres partis n’ont pas annoncé s’ils monteront dans les mêmes embarcations que le Bloc, même si le témoignage de M. Trudeau ne les a pas rassurés eux non plus.

Si le Parti conservateur a reproché au premier ministre de refuser de répondre aux questions de l’opposition, il a lâché qu’il « est temps que le premier ministre assume les conséquences de ses actions », sans préciser ce qu’il entend par cela.

Le lieutenant politique du parti pour le Québec, le député Alain Rayes, juge que les explications de M. Trudeau sont « pitoyables » quand il dit qu’il ne savait rien et n’était responsable de rien.

Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, déplore que M. Trudeau ne comprenne pas la situation. Sur Twitter, il l’a accusé d’être « déconnecté de la réalité que vivent la plupart des Canadiens ».

M. Singh semble préférer remettre en question la pertinence même du programme de bourses pour le bénévolat plutôt que d’attaquer la crédibilité du gouvernement. « Oui, les Canadiens de tous âges sont fiers de faire du bénévolat, mais le bénévolat ne permet pas de payer les frais de scolarité, la nourriture ou le loyer », a-t-il écrit.