Québec et les Cris n’étaient pas peu fiers, lundi, d’annoncer qu’en ces temps de tensions avec certaines communautés des Premières Nations ailleurs au Canada, eux signent un protocole d’entente sur le développement économique à long terme du territoire d’Eeyou Istchee Baie-James.

L’annonce a été faite lundi à Montréal par le premier ministre François Legault et le président du gouvernement de la nation crie, Abel Bosum, en présence de nombreux représentants de la communauté crie et de ministres du gouvernement Legault.

Le premier ministre a salué « un moment historique entre la nation crie et la nation québécoise » qui est une suite logique de la Paix des Braves, conclue il y a 18 ans. « Deux visionnaires, Ted Moses et Bernard Landry, ont permis cette entente exemplaire avec la nation crie, qui peut être utilisée comme modèle partout au Canada, en Amérique du Nord », a fait remarquer le premier ministre Legault.

L’entente de la Paix des Braves visait à améliorer la qualité de vie des Cris, à soutenir le développement économique du territoire et à donner aux Cris une plus grande autonomie.

Le grand chef Bosum a lui aussi souligné l’importance de ce protocole d’entente. « Nous avons choisi d’être ici. Nous sommes ici non pas pour faire un sacrifice ou parce que nous nous résignons. Aujourd’hui, ce n’est pas une concession que nous devons faire, ni un compromis difficile. Nous ne sommes pas forcés d’être ici à cause d’une entente. »

Au cours de la conférence de presse, le premier ministre a d’ailleurs souligné qu’il s’était assuré de l’appui de la communauté, et non seulement de ses dirigeants — faisant ainsi référence au litige à la source du conflit concernant Coastal GasLink et la communauté de Wet’suwet’en en Colombie-Britannique.

« Ce matin, les chefs sont là. M. Bosum a fait preuve de beaucoup de leadership. C’est un projet qu’on travaille depuis longtemps, bien avant qu’on ait ce conflit-là sur les voies ferrées », a-t-il relevé.

À long terme

Pour le moment, Québec et les Cris en sont à l’étude de faisabilité, une étude de « quelques dizaines de millions de dollars » dont les coûts seront partagés moitié-moitié, a précisé le premier ministre Legault.

Mais à long terme, le projet compte plusieurs étapes qui toucheront le développement économique de la région Eeyou Istchee Baie-James : le prolongement du réseau ferroviaire pour réduire le recours au camionnage ; l’électrification de certains projets industriels ; le partage d’infrastructures sur le territoire ; la formation de la main-d’œuvre locale.

De même, pour protéger l’environnement, de nouvelles aires protégées seront identifiées.

Le plan s’échelonnera sur 30 ans.

« La vision vient de nous ; c’est notre vision de ce que le développement doit être », a pris la peine de souligner le grand chef Bosum.

À lui seul, le projet de prolongement du réseau ferroviaire est évalué à 4,6 milliards. Plusieurs projets reliés au lithium pourraient en bénéficier, entre autres, a souligné le premier ministre Legault.

« Le Nord-du-Québec est rempli de potentiel et présente des possibilités dans certains minéraux stratégiques qui sont très attrayants pour les Américains, pour les Allemands qui, actuellement, sont très dépendants de la Chine. À chaque fois qu’il y a un projet minier, il faut qu’il y ait une acceptabilité de la part des communautés autochtones », a relevé le premier ministre.