(Ottawa) Le chef conservateur, Erin O’Toole, a fait marche arrière, mercredi, concernant ses commentaires sur l’objectif initial des pensionnats pour Autochtones, à la suite de la réaction des médias sociaux et des critiques de néo-démocrates et de libéraux.

Dans une vidéo publiée le mois dernier sur la page Facebook du groupe des étudiants conservateurs de l’Université Ryerson, à Toronto, M. O’Toole déclarait que les pensionnats fédéraux visaient au départ à éduquer les enfants autochtones, mais que ce programme était ensuite devenu « horrible » et « néfaste ». Dans cette vidéo publiée le 5 novembre, M. O’Toole ajoutait : « Nous devons en tirer des leçons. »

Mercredi après-midi, dans une déclaration publiée sur son fil Twitter, M. O’Toole a regretté « ce chapitre déplorable de l’histoire du Canada », qui a eu « des répercussions considérables sur des générations de Canadiens autochtones ».

« Dans mon allocution aux étudiants de Ryerson, j’ai dit que le système des pensionnats autochtones visait à tenter « d’offrir une éducation ». Ce n’était pas vrai. Le système visait à retirer les enfants de l’influence de leur foyer, de leur famille, de leurs traditions et de leur culture », écrit M. O’Toole.

Le chef conservateur ne va pas jusqu’à présenter les excuses exigées par des députés néo-démocrates et libéraux, qui ont qualifié ses propos de corrosifs. La précision apportée par M. O’Toole est survenue après que le mot-clic #ResignOToole a commencé à être tendance sur Twitter mardi soir.

La députée néo-démocrate Leah Gazan avait entre autres demandé sa démission. « Il est temps de faire taire les voix racistes ignorantes qui prétendent que les fondateurs des pensionnats pour Autochtones tentaient d’éduquer les enfants autochtones », a écrit la députée de Winnipeg et membre de la nation Wood Mountain Lakota.

Des agressions à grande échelle

Ces pensionnats, mis sur pied par des communautés chrétiennes et le gouvernement fédéral dans les années 1880, ont existé pendant plus d’un siècle. Ils visaient essentiellement à convertir et à assimiler les enfants autochtones ; ils ont aussi été le théâtre de sévices et d’agressions sexuelles à grande échelle.

Interrogé plus tôt dans la journée sur les propos de M. O’Toole, le porte-parole néo-démocrate en matière d’éthique, Charlie Angus, affirmait que ses commentaires s’apparentaient à du révisionnisme, destiné à plaire à une certaine frange de ses militants. M. Angus a déclaré aux journalistes mercredi qu’il était « faux » et « très préoccupant » de suggérer que l’éducation était le principal objectif de ce programme, créé notamment par Egerton Ryerson, qui a donné son nom à l’université torontoise.

« Nous parlons ici de politiques qui visaient à détruire les familles, à détruire les identités, à littéralement « tuer l’Indien dans l’enfant » », a affirmé M. Angus, citant une expression associée à l’expansion du système au début du 20e siècle. « De la part (de M. O’Toole), c’est vraiment très bas. »

La ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, s’est dite « déçue » de voir M. O’Toole faire de l’héritage des pensionnats un « enjeu partisan ». « M. O’Toole doit écouter les familles et les survivants et admettre que ses remarques étaient blessantes, dire qu’il est désolé et qu’il va travailler pour s’assurer que ses collègues et lui ne vont plus défendre l’indéfendable », a-t-elle écrit sur Twitter.

Avant que M. O’Toole ne revienne sur ses déclarations, sa porte-parole, Chelsea Tucker, avait précisé que le chef conservateur était en faveur de la réconciliation avec les Premières Nations et « prenait très au sérieux l’histoire horrible des pensionnats pour Autochtones ».

« Il a aussi été clair en soulignant les dommages que peut avoir la « culture du bannissement ». Il est important de défendre la liberté d’expression, en particulier sur les campus, tout comme se souvenir de notre passé est un élément important pour aspirer à mieux à l’avenir », indiquait-elle dans un courriel.