(Québec) François Legault affirme qu’il « n’est pas question d’étendre la loi 101 aux cégeps », quelques heures après que le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, eut pourtant affirmé qu’il était « en réflexion » à ce sujet.

À la période des questions, mardi, le premier ministre a rapidement fermé la porte à l’idée d’étendre la Charte de la langue française aux établissements collégiaux. Sa déclaration, sans ambiguïté, tranchait avec un point de presse tenu plus tôt par M. Jolin-Barrette.

« C’est très clair pour moi que la langue habituelle des études devrait être le français », avait dit le ministre, précisant être « en réflexion » quant à l’opportunité d’étendre la loi 101 aux cégeps.

M. Jolin-Barrette avait également déploré que « la situation que nous voyons [actuellement] fait en sorte que la langue normale des études n’est plus nécessairement le français ».

Pour Simon Jolin-Barrette, il est « fondamental de s’assurer […] que les Québécois puissent étudier en français au cégep, à l’université, et puissent travailler en français ».

« Si on veut s’assurer au niveau de la recherche universitaire, si on veut s’assurer de faire en sorte que les Québécois puissent étudier en français, puissent étudier à l’université en français, puissent faire de la recherche en français à l’université et puissent, sur le marché du travail, travailler en français, il y a peut-être des actions à prendre au niveau collégial, mais je poursuis ma réflexion », avait-il affirmé.

Le ministre responsable de la Langue française n’a toutefois pas de données concernant les étudiants qui fréquentent les cégeps et les universités francophones du Québec, et dont les résultats de leurs recherches sont publiés principalement en anglais, malgré le fait qu’ils ont suivi leurs cours en français.

Une réforme à l'hiver

Simon Jolin-Barrette entend proposer une réforme de la loi 101 au cours de l'hiver, a-t-il précisé mardi. Pour ce faire, le ministre responsable de la Langue française déposera un projet de loi et un plan d'action, a-t-il de nouveau affirmé.

Au niveau des entreprises, M. Jolin-Barrette affirme avoir « un souci de ne pas alourdir le fardeau bureaucratique sur les entreprises de 50 employés et moins », en les assujettissant par exemple à certaines obligations spécifiques de la loi 101. Il n’entend pas non plus réglementer les entrepreneurs québécois pour qu’ils enregistrent un nom de marque en français, a-t-il précisé.

« Une entreprise qui utilise une marque de commerce, qui est protégée par la loi fédérale, du champ de compétence fédérale, on ne peut pas intervenir à ce niveau-là », a dit le ministre, précisant une nouvelle fois que son plan d’action pour la défense du français serait « costaud », sans donner plus de détails.

« Le ministre Jolin-Barrette a fait une grosse conférence de presse ce matin pour nous annoncer avec tambours et trompettes qu’il va faire quelque chose pour le français l’année prochaine ! Pourquoi est-ce si long ? Ça fait plus de deux ans que ce gouvernement est en poste. Pendant ce temps-là, des travailleurs unilingues francophones peinent à se trouver du travail au Québec », a dénoncé la députée de Québec solidaire Ruba Ghazal.

« Le ministre responsable de la Langue française a carrément fait perdre l'heure du dîner aux journalistes de la Tribune de la presse, ils me l'ont dit, et aux téléspectateurs en direct. Rien à annoncer. (…) [Entre temps], votre gouvernement pose des gestes concrets qui viennent aggraver la situation du français au Québec. Pour la première fois, en 2018 et en 2019, le Québec a accueilli une majorité d'immigrants qui ne maîtrisent pas le français », a pour sa part dénoncé le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé.