(Québec) Les Québécois renoueront très bientôt avec l’austérité des années libérales si rien d’autre n’est fait, croit Québec solidaire (QS).

Le parti a réuni environ 200 de ses membres ce week-end en conseil national virtuel ayant comme thème « Qui va payer pour la crise ? ».

En point de presse samedi, la co-porte-parole de QS, Manon Massé, a affirmé que les compressions dans les services publics sont inévitables, si l’on se fie à la mise à jour économique.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé

La semaine dernière, le ministre des Finances, Eric Girard, a confirmé que le déficit atteindrait cette année 15 milliards, un sommet historique.

S’ensuivra un déficit anticipé de 8,3 milliards en 2021-2022, puis 7 milliards l’année suivante. De 2020 à 2023, cela donne donc un total de 30 milliards écrits à l’encre rouge dans le budget du Québec.

Le gouvernement s’est engagé à ne pas hausser les taxes et les impôts, malgré le contexte difficile causé par la pandémie. Le mini-budget ne comporte aucun accroissement du fardeau fiscal des Québécois.

« Ils préfèrent compter sur le fédéral, espérer le retour d’une forte croissance économique ; honnêtement, ces deux facteurs-là sont plus ou moins rassurants », a déclaré Mme Massé.

« Quand on refuse d’augmenter la colonne des revenus, bien inévitablement, c’est la colonne des dépenses qu’on doit compresser. Ça annonce déjà l’austérité.

« Cette nouvelle perspective d’austérité est vraiment “tough” pour les Québécois », a-t-elle ajouté, disant vouloir discuter ce week-end d’« alternatives » pour éviter le « sacrifice annoncé de la CAQ ».

Proposition d’urgence

Samedi, les membres de QS ont adopté une « proposition d’urgence » pour répondre à la mise à jour économique du gouvernement Legault.

Le parti veut faire contribuer les grandes corporations, les géants du web, les grands pollueurs et les contribuables les plus fortunés, en instaurant :

– un impôt de pandémie

– un impôt sur les grandes fortunes

– de nouvelles mesures d’écofiscalité qui visent les entreprises les plus polluantes

QS ramène donc, en partie, une proposition du printemps dernier, dont l’objectif est d’imposer les grandes entreprises qui ont vu leurs profits croître durant la crise (Dollarama, Walmart, Métro, etc.).

« Si vous avez profité de la crise, pendant que tous les citoyens faisaient des sacrifices […], vous avez une responsabilité de faire votre juste part », a martelé le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois.

L’impôt sur les grandes fortunes toucherait le patrimoine, et non les revenus, a-t-il expliqué. « Il ne s’agit pas d’imposer le patrimoine des gens de la classe moyenne qui ont une petite maison unifamiliale.

« Il s’agit […] d’une ponction sur les fortunes des gens qui sont parmi les plus riches de notre société, […] une proposition qui a été faite […] par Bernie Sanders et Elizabeth Warren » aux États-Unis, a-t-il dit.

Au chapitre des mesures d’écofiscalité, M. Nadeau-Dubois a assuré ne pas vouloir d’une taxe carbone « mur-à-mur ». Il a dit prôner plutôt une taxation « ciblée » sur les grands pollueurs industriels.

Le parti de gauche promet de revenir sur ces trois mesures dimanche, avec une annonce détaillée et chiffrée.

La députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, a ajouté lors des débats que l’impôt de pandémie permettrait « un juste retour du balancier pour nos petits commerces ».

Militer en faveur d’un tel impôt pourrait avoir comme avantage supplémentaire d’attirer à QS des « alliés qui sont peut-être moins naturels » à l’approche des élections générales de 2022, a-t-elle fait valoir.

GNL-Québec

Mme Lessard-Therrien a également soutenu la proposition de faire de la lutte à GNL-Québec une priorité, une « mobilisation nationale ».

« Cet hiver, Québec solidaire mettra une fois pour toutes le dernier clou au cercueil du projet GNL-Québec », a même lancé Manon Massé.

Le projet GNL-Québec consiste en la construction d’un gazoduc de 750 km qui irait de l’Ontario transportant du gaz de l’Ouest jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour acheminer ensuite le gaz naturel liquéfié vers l’Europe notamment.

« Le pan gazoduc […] passe à travers plusieurs régions et permet de faire des mobilisations vraiment très concrètes sur le terrain, notamment en Abitibi-Témiscamingue et en Mauricie », a affirmé Mme Lessard-Therrien.

« Ça peut être vraiment porteur pour toutes nos associations », a-t-elle conclu.