(Québec) Le gouvernement Legault convient que sa promesse électorale de brancher tout le Québec à internet haute vitesse d’ici 2022 a de bonnes chances de ne pas être respectée.

Mardi et mercredi, des membres du gouvernement ont entretenu la confusion dans ce dossier, multipliant les déclarations contradictoires.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a fini par avouer mercredi qu’il sera difficile pour son gouvernement de brancher des milliers de foyers à internet haute vitesse avant la fin du mandat.

« On ne peut pas le promettre aujourd’hui », a-t-il laissé échapper en Chambre, en expliquant qu’il resterait en fin de compte 100 000 foyers à brancher.

« On va tout faire pour convaincre, avec de l’argent, des incitatifs, pour que les télécommunicateurs puissent livrer le 100 000 qui manque », a-t-il ajouté.

La veille, la ministre déléguée au Développement économique régional, Marie-Eve Proulx, avait tenu sensiblement les mêmes propos, avant de se faire contredire publiquement par le premier ministre.

François Legault a déclaré, contrairement à ce que disait Mme Proulx, que son gouvernement allait respecter sa promesse électorale de brancher tous les Québécois à internet haute vitesse avant la fin du mandat.

Mme Proulx venait tout juste de répondre au député péquiste Harold LeBel que les projets ne seront pas tous complétés, mais plutôt sélectionnés ou en cours de réalisation en 2022.

Selon Radio-Canada, le gouvernement savait depuis un an qu’il ne serait pas en mesure de respecter sa promesse. « Le premier ministre a désavoué sa ministre », a déclaré M. LeBel mercredi.

« Ce que je comprends maintenant, c’est que c’est le premier ministre qui a ce dossier-là en main et […] il a dit devant tout le monde […] qu’en 2022, l’ensemble des Québécois auront accès à internet haute vitesse.

« C’est ce que j’ai compris hier, c’est ce qu’on va s’attendre et maintenant, il faudra suivre le premier ministre pour savoir comment il va livrer cet engagement-là. »

Le PQ affirme qu’il reste en date d’aujourd’hui 340 000 foyers à brancher à internet haute vitesse au Québec.

Cette situation crée des iniquités sociales, a rappelé M. LeBel, qui affirme que le gouvernement se doit de promouvoir l’égalité des chances, surtout en pleine pandémie.

Legault ne dit pas la vérité, accuse le PLQ

François Legault a fait le « mauvais choix » mardi en ne disant pas la « vérité » aux Québécois, estime pour sa part le leader parlementaire du Parti libéral du Québec (PLQ), André Fortin.

Cette promesse de brancher tous les Québécois à internet haute vitesse, maintes fois répétée par M. Legault cet été lors d’une tournée des régions, est de la « pure fumisterie », a-t-il tonné en point de presse.

« Il n’y a pas une journée qui passe où on n’a pas d’appels de citoyens à propos de l’internet », a-t-il poursuivi en citant les cégépiens qui ne peuvent suivre leurs cours et les employés incapables de faire du télétravail.

La cheffe libérale Dominique Anglade s’est étonnée qu’aucune infrastructure numérique n’ait été incluse dans le projet de loi 66, qui vise à accélérer certains projets d’infrastructure, comme les maisons des aînés.

Selon elle, si le branchement à internet haute vitesse avait été une vraie priorité, le gouvernement l’aurait inscrite dans son projet de loi. « Ils ont décidé de ne pas l’inclure, a-t-elle déclaré. C’est un problème. »

M. Legault a affirmé mardi qu’il avait demandé à rencontrer le président de Bell, Mirko Bibic, le 19 octobre. « J’ai bien l’intention d’essayer de le convaincre que tout soit fait pour l’automne 2022 », a-t-il dit.

Le premier ministre du Québec en vient à se « prosterner » devant les géants des télécommunications, a lancé incrédule le co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, mercredi.

« C’est quoi, le plan ? […] Continuer à supplier les géants des télécoms ? Faire des beaux yeux au patron de Bell ? […] Se prosterner devant le privé, ça ne marche pas, c’est la responsabilité de l’État de brancher les régions. »