(Saint-Raymond-De-Portneuf) La pression va s’accroître sur le premier ministre Justin Trudeau dans les prochains mois pour qu’il cède aux provinces davantage d’argent, et ce, sur une base récurrente.

Le premier ministre François Legault est déterminé à créer un front commun interprovincial destiné à forcer le gouvernement fédéral à décréter des hausses substantielles des paiements de transfert versés aux provinces chaque année.

Dans un premier temps, la stratégie consiste à faire en sorte que les deux provinces les plus peuplées du pays, l’Ontario et le Québec, qui regroupent plus de 60 % de la population canadienne, s’entendent pour réclamer une hausse importante et récurrente des transferts fédéraux versés aux provinces pour la santé et les infrastructures, en ces temps de pandémie et de nécessaire relance de l’économie.

« Quand on a le Québec et l’Ontario qui demandent d’une voix commune l’augmentation des transferts en santé, cela a du poids, qu’on le veuille ou non, pour n’importe quel chef fédéral », a observé le premier ministre Legault, en conférence de presse, jeudi, dans la région de Portneuf.

Accompagné de plusieurs de ses ministres, M. Legault se rendra donc à Mississauga, près de Toronto, mardi et mercredi, rencontrer son homologue ontarien, Doug Ford, afin de jeter les bases de ce front commun interprovincial.

« Rien ne pourra nous arrêter. Je répète : rien ne pourra nous arrêter ! », a lancé de son côté le premier ministre Ford, dans un discours à Hamilton, au sujet de la nouvelle alliance Québec-Ontario.

Il a qualifié les deux provinces voisines de « mastodonte économique », devenant selon lui « l’union économique la plus puissante en Amérique du Nord ».

M. Ford a insisté sur l’importance pour le Québec et l’Ontario de travailler ensemble main dans la main et de se supporter mutuellement.

Mardi soir, les deux hommes pourront mieux faire connaissance à l’occasion d’un souper, accompagnés de leur épouse.

Le lendemain, la rencontre de travail réunira cinq ministres du Québec — Eric Girard (Finances), Christian Dubé (Santé et Services sociaux), Pierre Fitzgibbon (Économie et Innovation), Sonia LeBel (Conseil du Trésor) et François Bonnardel (Transports) — et leurs homologues ontariens.

Par la suite, les 24 et 25 septembre, à Québec, une rencontre du Conseil de la fédération, réunissant tous les premiers ministres des provinces, servira, espère M. Legault, à solidifier ce front commun interprovincial dressé devant Ottawa.

La rencontre, qui se tiendra au Château Frontenac, sera présidée par le premier ministre Legault.

« C’est déjà convenu que ça va être le sujet prioritaire » de la rencontre, a-t-il précisé, disant espérer que l’union anticipée Québec-Ontario deviendra la position commune « de l’ensemble des provinces » avant la fin du mois.

Il a réaffirmé que le gouvernement fédéral devait assumer une part beaucoup plus importante des dépenses des provinces affectées à la santé, mais aussi aux infrastructures, soit la construction de routes, d’hôpitaux ou d’écoles.

Ce n’est pas la première fois que M. Legault réclame une bonification des transferts en santé, mais il semble plus déterminé que jamais à se tourner vers Ottawa pour régler ses problèmes financiers.

Confronté à un déficit qui atteindra le sommet historique de 15 milliards cette année, il a rappelé que le budget de la santé augmentait de 5 à 6 % par année au Québec.

Il n’y a pas si longtemps, le gouvernement fédéral finançait 50 % des dépenses provinciales en santé, alors qu’aujourd’hui « on est rendu à peu près à 22 % », a-t-il déploré.

Ainsi, a calculé le premier ministre Legault, le Québec finance près de 80 % des dépenses en santé, mais ne perçoit que 60 % des impôts et taxes des contribuables et entreprises.

D’où un déséquilibre à corriger, selon lui.

En juillet, le premier ministre Trudeau avait annoncé qu’il réservait 19 milliards pour aider les provinces à affronter la pandémie et une éventuelle deuxième vague.

Initialement, en juin, M. Trudeau avait fixé la somme totale à 14 milliards, mais les pressions de certaines provinces, dont le Québec, avaient fait monter les enchères jusqu’à 19 milliards.

C’est bien, mais M. Legault fait valoir qu’il s’agit d’un versement unique, alors qu’il veut pouvoir compter sur des sommes « récurrentes », soit l’assurance qu’Ottawa assumera un pourcentage substantiel de la facture annuelle.