(Ottawa) Les coffres des partis sont si peu garnis en ces temps de pandémie qu’ils doivent se tourner vers la subvention salariale mise sur pied par le gouvernement libéral pour rémunérer les employés de leurs formations. Une pratique que le Bloc québécois condamne.

La pandémie affecte tout le monde, même les partis politiques.

Car faire un don politique est loin d’être une priorité en ces temps difficiles, et vu cette rareté, toutes les formations fédérales, à l’exception du Bloc québécois, touchent déjà, ou tentent de se prévaloir, de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) pour rémunérer leur personnel qui œuvre au sein du parti.

« Comme d’autres partis et d’innombrables organisations l’ont signalé, la collecte de dons a chuté pendant la pandémie », a déclaré la directrice nationale du NPD, Anne McGrath, par voie de communiqué, précisant que 17 personnes travaillent à temps plein pour le NPD fédéral et que 15 à 20 autres travaillent à temps partiel.

« Pour s’assurer que ces travailleuses et travailleurs gardent leur emploi et ne dépendent pas de la PCU, le parti a suivi le même conseil que le gouvernement donne à toutes les organisations qui ont vu ce genre de baisse de revenus et ont demandé à bénéficier de la SSUC », a-t-elle argué.

Le programme de subvention salariale, qui est rétroactif au 15 mars, était prévu pour une période initiale de trois mois, mais il a été prolongé jusqu’à la fin de l’été. La subvention couvre 75 % des salaires, jusqu’à concurrence de 847 $ par employé par semaine.

Ces derniers jours, Justin Trudeau a exhorté les employeurs à présenter une application. Il voit ce programme chiffré à environ 73 milliards de dollars comme un véhicule pouvant favoriser une reprise économique vigoureuse au pays.

Sa formation l’a fait depuis un bon moment.

« Au cours de ces dernières semaines, le Parti libéral du Canada a répondu aux critères d’admissibilité à la Subvention salariale d’urgence du Canada et il a bénéficié de ce soutien. Hormis cela, en termes de financement de la base et comme cela a toujours été le cas, le parti compte sur le soutien de particuliers canadiens », a déclaré Braeden Caley, directeur des communications.

« À l’heure actuelle, le parti n’a été forcé de mettre à pied aucun des membres de son équipe à cause des répercussions de la COVID-19 », a-t-il précisé.

Chez les conservateurs, on a aussi choisi de s’en prévaloir, confirme dans un courriel Cory Hann, directeur des communications. « Nous avons fait une demande de subvention salariale fédérale et avons été acceptés. Comme notre personnel est composé de jeunes et d'employés avec de grandes familles qui dépendent tous de notre organisation, nous voulons faire tout notre possible pour maintenir des opérations régulières et continuer à éviter les licenciements », a-t-il signalé.

Le Parti vert s'est aussi tourné vers la mesure d'aide afin d'être en mesure d'envoyer des chèques de paie à son personnel politique. « Le directeur exécutif du Parti Vert du Canada, Prateek Awasthi, a déclaré que le Parti avait demandé le programme de subvention salariale mais ne l'avait pas encore reçu », a indiqué dans un courriel la porte-parole de la formation, Rosie Emery.

« Nous avons eu une baisse des dons, et nous sommes une organisation à but non lucratif et nous prenons au sérieux nos responsabilités pour protéger les emplois de nos employés », a déclaré M. Awasthi, selon ce qu'a indiqué Mme Emery à La Presse.

Le Bloc québécois, pour sa part, n’y a pas eu recours. Et il juge sévèrement les formations qui ont réclamé la SSUC.

« Il est inadmissible que des partis politiques, plus particulièrement les libéraux et les conservateurs, utilisent les fonds publics pour payer des salaires partisans et ainsi préserver leur cagnotte électorale alors qu’ils n’ont pas besoin d’argent », a déclaré le leader parlementaire Alain Therrien dans un courriel transmis par le parti.

Il jette en particulier la pierre aux conservateurs, avec qui les bloquistes sont à couteaux tirés : « Les conservateurs à eux-seuls ont amassé presque quatre millions $ dans le dernier trimestre. Ils n’ont pas besoin de l’argent des Québécois qui se demandent comment ils vont joindre les deux bouts », a pesté le député.