À une semaine de la rentrée parlementaire, la députée indépendante Jody Wilson-Raybould affirme n’avoir eu aucune discussion avec son ancien chef, le premier ministre Justin Trudeau. Elle se dit cependant « 100 % ouverte » à travailler avec le gouvernement minoritaire sur certains dossiers.

« Ma porte est toujours ouverte. Je sens que j’ai une expertise dans un certain nombre de domaines, comme d’autres députés, et je pense que ce serait sage que le gouvernement tende la main au-delà du parti », a dit à La Presse la députée de Vancouver Granville, en marge d’une discussion publique à l’Université Concordia jeudi soir.

Les anciennes ministres libérales Jody Wilson-Raybould et Jane Philpott étaient invitées à prendre la parole devant quelques dizaines de participants. Les deux amies sont revenues sur leur décision de claquer la porte du Conseil des ministres, en raison des pressions indues que disait avoir subies Mme Wilson-Raybould dans le dossier SNC-Lavalin. Les deux femmes ont par la suite été éjectées du caucus libéral.

« J’agis en fonction de valeurs et de principes », a confié hier Mme Wilson-Raybould, se disant « très à l’aise » avec son cheminement. L’ancienne ministre de la Justice et procureure générale avait accusé le premier ministre de lui avoir imposé une pression indue pour qu’un accord de réparation soit offert à SNC-Lavalin, accusée de fraude et de corruption en Libye. Le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique lui a donné raison. Justin Trudeau s’était défendu, soutenant avoir agi pour protéger des emplois canadiens. S’il avait reconnu « des erreurs », il s’était montré en désaccord avec des conclusions du rapport du commissaire.

Questions de loyauté

Pour Jane Philpott, candidate indépendante défaite aux dernières élections dans la banlieue de Toronto, le plus étonnant dans cette affaire a été la réaction de ses collègues. « Je me suis fait demander pourquoi je n’étais pas une joueuse d’équipe, je me suis même fait traiter de traîtresse, a-t-elle commenté. Ma réflexion, c’est que ça démontre que nous sommes un peu confus en ce qui concerne la loyauté des députés. »

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Jane Philpott

Celle-ci devrait d’abord aller au pays et aux électeurs, juge Mme Philpott, qui a fait son entrée en politique en 2015 après avoir exercé la médecine familiale pendant une vingtaine d’années. Elle a occupé les fonctions de ministre de la Santé, de ministre des Services aux autochtones et de présidente du Conseil du Trésor dans le gouvernement de Justin Trudeau.

Mme Philpott est également revenue sur le climat de travail à Ottawa, qu’elle a qualifié de « toxique ». 

Je viens du système de la santé, tout le monde travaille ensemble pour le même objectif : la santé du patient. Et vous vous rendez à Ottawa et vous vous rendez compte qu’il y a des centaines de personnes là-bas dont l’objectif principal est de vous faire échouer.

Jane Philpott

Les deux anciennes ministres ont d’ailleurs dénoncé la partisanerie et la difficulté d’exprimer des points de vue divergents.

Nouvellement nommée conseillère en santé pour la Nation Nishnawbe Aski, Mme Philpott ne ferme pas la porte pour autant à un retour en politique — sachant qu’avec un gouvernement minoritaire, des élections pourraient survenir avant la fin du mandat de quatre ans. « Nous avons besoin de voix différentes, pour pousser les limites du système », a-t-elle lancé.

Jody Wilson-Raybould souhaite aussi faire entendre sa voix comme indépendante. Elle a démenti les rumeurs voulant qu’elle convoite le rôle de présidente de la Chambre des communes. Elle n’a pas l’intention non plus de passer du côté du Parti vert.

L’unique députée indépendante élue aux dernières élections compte proposer des projets de loi sur deux sujets qui lui tiennent à cœur : l’un sur la réforme démocratique et l’autre sur les problèmes des Premières Nations. « Ce sont des dossiers qui me passionnent », a-t-elle fait savoir.