(Ottawa) Il a été l’un des 10 conservateurs à remporter leur siège au Québec. Voilà que Joël Godin se lance dans la course pour occuper un autre siège : celui du président de la Chambre des communes.

« Ça fait longtemps qu’il n’y a pas eu un Québécois, né au Québec, de langue française, à occuper le siège de président. Ça fait 65 ans ! », lance l’élu de Portneuf–Jacques-Cartier en entrevue avec La Presse.

Il faut remonter aux années 50 pour trouver le dernier natif de la province à occuper cette fonction : Louis-René Beaudoin a présidé les travaux de la 22e législature entre 1953 et 1957, alors que Louis St-Laurent était premier ministre du Canada.

Élu pour la première fois au scrutin de 2015, le député Godin se contente pour l’heure de dire qu’il a « sûrement » des appuis chez ses collègues conservateurs du Québec. Et « le maraudage se fait » pour en récolter aussi sur les autres banquettes, note-t-il.

Une poignée de députés ont manifesté leur intérêt pour le poste jusqu’à présent. Chez les conservateurs, Joël Godin se mesurera à Bruce Stanton – en 2011, ce dernier s’était incliné face à un certain Andrew Scheer.

Le président sortant de la 42e législature, le libéral Geoff Regan, est lui aussi sur les blocs de départ. La néo-démocrate Carol Hughes, qui était vice-présidente adjointe, convoite également le fauteuil de la présidence.

La dernière – et unique – femme à avoir occupé le grand siège est Jeanne Sauvé. Avant d’être nommée gouverneure générale du Canada par Pierre Elliot Trudeau, la native de la Saskatchewan a présidé les travaux sous ce dernier, de 1980 à 1984.

Pendant un certain temps, la rumeur voulait que l’élue désormais indépendante Jody Wilson-Raybould se présente pour décrocher le poste. « Je n’ai pas encore retiré mon nom de la liste, mais cela devrait venir », a-t-elle écrit jeudi dans un courriel à La Presse.

Vote secret

Par défaut, tous les députés sont présumés intéressés par la présidence. S’ils ne le sont pas, ils doivent demander que leur nom soit enlevé de la liste des candidats. L’élection se fait par vote secret.

Ce scrutin est la première tâche à laquelle devront s’atteler les députés à leur retour sur la colline d’Ottawa, jeudi prochain. Une fois que l’affaire aura été classée, ils se rendront au Sénat pour écouter le discours du Trône.

La plupart du temps, c’est un élu du parti au pouvoir qui hérite de la présidence. Mais en situation de gouvernement minoritaire, la donne change – c’est que le président ne dispose pas d’un droit de vote sauf en cas d'égalité, auquel cas il doit trancher.

Les libéraux ont fait élire 157 députés, ce qui est insuffisant pour faire passer les projets de loi (170 votes sont requis). En face d’eux, ils ont 121 conservateurs, 32 bloquistes, 24 néo-démocrates et 3 verts.

Il faudra voir jeudi prochain si le contexte minoritaire fera pencher la balance en faveur ou en défaveur de l’un ou l’autre des candidats à la présidence de la Chambre, où les débats seront sans nul doute parfois enflammés pour ce second mandat Trudeau.