Que le prochain gouvernement fédéral soit libéral ou conservateur, il ne se mêlera pas de la crise qui secoue la Catalogne.

Des manifestations et scènes de violences ont lieu à Barcelone et plusieurs autres villes catalanes depuis la condamnation des principaux dirigeants indépendantistes catalans pour leur rôle dans la tentative de sécession en 2017.

Questionné à ce sujet lors de son passage à Essex, en Ontario, le chef conservateur Andrew Scheer a offert une réponse laconique, mercredi. « C’est un enjeu pour le gouvernement d’Espagne », a-t-il dit.

Le chef libéral Justin Trudeau a offert une réponse semblable en réponse à la même question, plus tôt cette semaine. « C’est une affaire interne, espagnole, et je n’aurai pas de commentaires à faire », a-t-il expliqué.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, avait lundi demandé à tous les partis politiques de joindre leur voix à la sienne pour décrier ce « coup de force contre la démocratie ».

« Je demande à tous les partis politiques de s’exprimer publiquement et clairement, de dénoncer l’emprisonnement politique de gens qui n’ont posé aucun geste criminel, qui n’ont posé aucun geste violent, qui ont eu pour seul crime d’avoir organisé un référendum sur le droit à l’autodétermination du peuple catalan », avait-il dit.

Le premier ministre du Québec, François Legault, est l’un des rares politiciens non indépendantistes à s’être exprimé sur le sujet. Il a déploré mardi les « lourdes peines » de prison infligées à ces politiciens « élus démocratiquement ».

Il y a un consensus, selon Legault

Il y a un consensus au Québec sur la crise en Catalogne : on ne peut pas mettre en prison des gens élus démocratiquement, a mis en garde mercredi le premier ministre François Legault à l’attention de l’État espagnol.

Le chef du gouvernement du Québec dit ne pas regretter d’être intervenu pour déplorer la décision d’un tribunal espagnol, qui a imposé des peines d’emprisonnement à neuf dirigeants indépendantistes catalans tout récemment, en plus d’en condamner trois autres.

Dans un communiqué diffusé mardi, il avait déclaré que « le gouvernement du Québec ne peut rester indifférent devant l’ampleur des lourdes peines infligées à des politiciens catalans élus démocratiquement ».

L’opposition officielle libérale (PLQ) l’a alors accusé d’avoir un parti-pris indépendantiste et de s’ingérer dans les affaires internes d’un autre État, c’est-à-dire son processus judiciaire.

« Je suis très surpris de la réaction des libéraux et de Paule Robitaille (la députée libérale porte-parole en matière de relations internationales) », a affirmé M. Legault, en mêlée de presse mercredi après la séance du conseil des ministres à Québec.

Il a renchéri sur sa position, tout en assurant qu’il ne se mêle pas des affaires internes de l’Espagne, puisque le Québec a des « amis espagnols et des amis catalans ».

« Je pense qu’il y a un consensus au Québec. On ne peut pas mettre en prison des gens élus démocratiquement. »

C’est « préoccupant », a-t-il dit à propos des peines de 9 à 13 ans qui ont été prononcées. « Imaginez-vous si on vivait ça au Québec », a-t-il poursuivi. Il a dit souhaiter que ces arbitrages se fassent « dans le calme » sans qu’on mette des gens en prison.

Quant à savoir si lui accepterait que l’Espagne conteste une décision de la Cour supérieure ici au Québec, par exemple, il a répondu : « Ben oui, mais de là à mettre des gens en prison 9 ans ou 13 ans ! »

Mercredi encore, les tensions restaient vives en Catalogne. Les manifestations et les affrontements se poursuivaient pour protester contre l’emprisonnement des élus indépendantistes.

En 2017, au début de cette crise constitutionnelle, l’ancien gouvernement libéral de Philippe Couillard avait offert de jouer un rôle de médiation entre la Catalogne et le gouvernement central de Madrid, afin de dénouer l’impasse. La Catalogne avait alors tenu un référendum sur l’indépendance, remporté par le Oui, mais Madrid n’avait pas reconnu le résultat.

Le Québec et la Catalogne entretiennent des relations bilatérales. Les deux gouvernements ont signé une entente de coopération en 1996 qui s’étend à plusieurs domaines, dont la culture et l’éducation.

En 1999, le gouvernement a ouvert un Bureau du Québec à Barcelone, une sorte de représentation diplomatique. Le gouvernement Legault a nommé Isabelle Dessureault directrice du Bureau du Québec l’été dernier.