Réduire l’immigration, mettre fin à l’interminable débat sur les accommodements raisonnables, instaurer la maternelle 4 ans. François Legault avait un programme ambitieux pour le Québec en campagne électorale. Un an après sa victoire historique aux élections, a-t-il tenu promesse ? Voici un état de l’avancement de ses principaux engagements.

FEU VERT

Laïcité

Chose promise, chose due. François Legault proposait d’interdire le port de signes religieux chez les juges, les procureurs et les agents de la paix, tel que le recommandait le rapport Bouchard-Taylor. Il s’est également engagé à élargir cette mesure aux enseignants. C’est précisément ce qu’il a livré avec le projet de loi 21, adopté sous le bâillon en juin. Québec a cependant fait deux compromis : un droit acquis pour les fonctionnaires qui portent déjà un signe religieux et une exemption pour les enseignants au privé.

Éducation

« Pour la première fois depuis les années 60, l’éducation va être la première priorité du gouvernement », a affirmé François Legault dans son discours inaugural. Quelques mois plus tard, force est de constater qu’il a joint le geste à la parole. Québec a mis en branle une batterie d’engagements électoraux pour ajouter des activités parascolaires, prolonger les récréations et améliorer les bibliothèques. Le gouvernement a instauré un programme de dépistage des troubles d’apprentissage et il vient d’annoncer un investissement de 2,3 milliards pour rénover les écoles.

Taxe scolaire

Dans l’opposition, la Coalition avenir Québec (CAQ) a maintes fois dénoncé le régime de taxation scolaire. François Legault a promis d’instaurer un taux unique à l’ensemble de la province, ce qui entraînerait une baisse de la facture pour la presque totalité des propriétaires.

Le ministre des Finances, Eric Girard, a déposé un projet de loi pour concrétiser cette promesse dès décembre. Seule ombre au tableau, la mesure coûtera plus cher que l’avait promis François Legault en campagne : 900 millions au lieu de 700 millions.

Garderies

François Legault s’est engagé à rétablir le tarif unique pour les services de garde à contribution réduite. Il a concrétisé cette promesse dans son premier budget en mars. Les contributions additionnelles payées par les parents les plus riches seront graduellement abolies. En 2022, tous les parents paieront le même prix, peu importe leur revenu.

Aînés

Le premier budget caquiste prévoit de nouveaux investissements de 800 millions en santé. La moitié de cette somme est consacrée à des programmes pour les aînés. Québec a notamment consenti de nouveaux fonds pour le maintien à domicile des personnes âgées. Le vaste chantier des « maisons des aînés » avance lui aussi. La ministre Marguerite Blais a affirmé que le gouvernement garde le cap sur la création de 2600 places dans ces établissements d’ici la fin du mandat.

FEU JAUNE

Immigration

Fort du slogan « En prendre moins, mais en prendre soin », François Legault a promis de réduire temporairement d’environ 20 % le nombre d’immigrants admis au Québec. Le ministre Simon Jolin-Barrette a confirmé que la province accueillerait 40 000 nouveaux arrivants en 2019, mais le nombre repartira à la hausse dès l’an prochain. L’adoption du projet de loi 9 a été critiquée, car des milliers de candidats ont vu leur demande de certificat de sélection jetée à la corbeille. De plus, une autre promesse controversée tarde à se réaliser, soit le fameux « test des valeurs » pour les immigrants.

Commissions scolaires

L’abolition des commissions scolaires est un engagement de longue date de la CAQ. François Legault souhaite les remplacer par des « centres de services » aux écoles. Il a promis la fin des élections scolaires, dont les taux de participation sont faméliques. Le projet de loi qui vise à concrétiser cette promesse sera présenté mardi. Mais déjà, le gouvernement Legault laisse entrevoir un recul : les élections scolaires devraient être maintenues dans la communauté anglophone.

Maternelle 4 ans

Le chef caquiste a promis d’offrir à tous les enfants la possibilité d’aller à la maternelle dès l’âge de 4 ans. La mesure doit permettre de mieux dépister les enfants qui ont des troubles d’apprentissage et libérer des places dans les garderies.

Or, le projet se bute à plusieurs écueils. Bon nombre d’écoles, surtout à Montréal, sont déjà débordées et ne peuvent accueillir davantage d’élèves. On a aussi appris que le coût de la mesure pourrait être trois fois plus élevé que les 249 millions annoncés en campagne.

« Batterie de l’Amérique du Nord »

François Legault s’est fait fort d’exporter plus d’électricité et de faire du Québec la « batterie de l’Amérique du Nord ». Mais le premier ministre ontarien Doug Ford refuse d’acheter plus d’électricité québécoise. M. Legault peut néanmoins garder espoir. Le Massachusetts a approuvé un important contrat d’approvisionnement signé sous le gouvernement Couillard. Il ne manque plus que le feu vert pour la construction d’une ligne de haute tension. Et le maire de New York, Bill de Blasio, s’est dit intéressé par l’hydroélectricité québécoise. Il souhaite qu’une entente soit signée d’ici l’an prochain.

Compétence fédérale

En campagne, François Legault a réclamé un « mandat » pour négocier un nouveau partage des compétences avec Ottawa. Le chef caquiste souhaite que la loi 101 soit étendue aux entreprises à charte fédérale comme les banques. Il réclame aussi le contrôle du programme fédéral de réunification familiale. Ces demandes sont jusqu’ici restées lettre morte à Ottawa. Le gouvernement Trudeau n’a pas voulu non plus mettre sur pied une déclaration de revenus unique. En revanche, une entente a permis à Québec de jouer un plus grand rôle dans les nominations à la Cour suprême.

Médecins spécialistes

Dans l’opposition, François Legault a estimé que les médecins spécialistes gagnaient 80 000 $ de trop par année. Il s’est engagé à geler leur salaire dès son élection. Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, a vite renoncé à cette mesure. Il a lancé une étude comparative des revenus des spécialistes, mais celle-ci sera livrée plus tard que prévu. Dans l’intervalle, des études indépendantes ont démontré que l’écart de rémunération avec l’Ontario s’est rétréci. Il semble de plus en plus improbable que Québec parvienne à économiser 1 milliard, comme le faisait miroiter la CAQ.

FEU ROUGE

Mode de scrutin

Six mois avant les dernières élections, François Legault s’est engagé à réformer le mode de scrutin. Son argument : il voulait éviter qu’un gouvernement « qui est élu par une minorité » prenne « des décisions pour une majorité ». Le 1er octobre, la CAQ a fait élire un gouvernement majoritaire avec 37 % des votes. Depuis, François Legault a changé son fusil d’épaule. Il a d’abord accepté que la réforme du mode de scrutin soit soumise à un référendum. Puis, la ministre de la Justice, Sonia LeBel, a confirmé que les prochaines élections se dérouleraient en vertu de l’ancien système.