(Ottawa) Le chef du Parti populaire du Canada (PPC), Maxime Bernier, est prêt à restreindre le droit des femmes de se faire avorter à la fin de leur grossesse.

En entrevue avec La Presse canadienne, M. Bernier a précisé son opinion personnelle sur cet enjeu après avoir maintenu un flou dans les dernières semaines. Il disait, au mois de mai, vouloir se donner le droit de décider «en temps et lieu» s’il votera pour ou contre un potentiel projet de loi qui viendrait restreindre le droit des femmes à l’avortement.

Il émet maintenant des balises plus claires pour justifier sa position.

«Je suis en accord pour que les avortements puissent se faire jusqu’à 24, 25, 26 semaines parce qu’à ce moment-là, le fœtus n’est pas un enfant. Mais après (cette période), c’est vraiment un enfant», affirme-t-il.

Les avortements pratiqués au troisième trimestre pourraient être réalisés «selon certaines conditions», comme si la vie de la mère est en danger, ajoute M. Bernier.

Aucune loi ne prévoit un délai maximal pour interrompre une grossesse. Or, rares sont les avortements qui sont pratiqués après 25 semaines de grossesse — soit le troisième trimestre. Ils se chiffrent à une vingtaine par année au Québec.

La grande majorité des avortements se déroulent avant 13 semaines de grossesse.

M. Bernier, qui est député de Beauce depuis 2006, a toujours voté contre les tentatives de ses anciens collègues conservateurs de rouvrir le débat sur l’avortement à la Chambre des communes.

Mais comme chef du PPC, il se définit à la fois comme «pro-choix» ou «pro-vie» pour éviter de «teinter» l’orientation de son parti.

«J’ai toujours dit que je ne ferais pas comme Justin Trudeau; dire que mon parti est pro-choix et imposer cette vision-là aux candidats», se justifie-t-il. Lorsqu’il est devenu chef libéral, M. Trudeau avait imposé la ligne de parti en faveur du libre-choix sur l’avortement à tout son caucus.

L’enjeu de l’avortement a refait surface dans les derniers jours, alors que les troupes conservatrices ont dû aligner leurs positions tant en anglais qu’en français. Le chef Andrew Scheer, qui est reconnu pour ses positions «pro-vie», a fini par admettre qu’il allait «s’opposer» à toute tentative de rouvrir ce débat.

M. Bernier a choisi une autre approche. Si le PPC réussit à faire élire des députés sous la bannière de son parti le 21 octobre prochain, ils auraient le droit de déposer un projet de loi pour rouvrir le débat sur l’avortement. M. Bernier promet également un vote libre.

Cette prise de position de M. Bernier plaît à la Coalition nationale pour la vie. Le lobby antiavortement appelle maintenant ses supporters à délaisser le Parti conservateur du Canada pour le PPC ou encore le Parti de l’héritage chrétien du Canada.