Maxime Bernier recevra-t-il son carton d’invitation aux débats des chefs ? Le chef autoproclamé du Parti populaire a la conviction qu’il sera des joutes oratoires, mais le directeur exécutif de la Commission des débats des chefs, Michel Cormier, signale que son cas est difficile à trancher.

Pour avoir la permission de se présenter sur les plateaux des deux débats qui jalonneront la campagne — l’un en français, l’autre en anglais —, les chefs des partis politiques doivent remplir deux des trois critères qui ont été établis par le gouvernement Trudeau en octobre 2018.

Les critères

• Avoir un député qui a été élu en tant que membre du parti à la Chambre des communes. • Avoir l’intention de présenter des candidats dans au moins 90 % des circonscriptions électorales, soit 304 sur un total de 338. • Avoir des candidats qui ont obtenu 4 % des votes lors d’un scrutin précédent ou des candidats qui ont une « véritable possibilité » d’être élus aux présentes élections au vu « du contexte politique récent » et « des sondages d’opinion publique ».

Le Beauceron ne peut faire autrement que de miser sur les deux derniers paramètres, car d’entrée de jeu, il ne remplit pas le premier, s’étant fait élire sous la bannière conservatrice en 2015 avant de claquer la porte du parti pour fonder le sien, en septembre 2018.

Maxime Bernier assure, en entrevue avec La Presse, qu’il sera bientôt en mesure de dire mission accomplie pour ce qui est du deuxième critère, ayant déjà recruté plus de 260 candidats un peu partout dans le pays.

Il est aussi convaincu qu’il respecte la troisième condition, et ce, bien que les intentions de vote pour son parti soient faméliques — 0,8 % selon le plus récent Nanos — et que ses candidats, pour la plupart, aient obtenu des scores plutôt faibles aux élections complémentaires.

« Oui, on a des chances de faire élire des candidats. On va avoir 338 candidats, et c’est certain qu’il va y en avoir quelques-uns d’entre eux qui vont être élus », martèle-t-il, qualifiant ses propres chances de réélection d’« énormes » dans sa circonscription de Beauce.

« PAS ÉVIDENT À APPLIQUER »

Mais les choses ne sont pas si simples, de l’aveu même de Michel Cormier, directeur exécutif de la Commission des débats des chefs. « Je vous avouerai que c’est un critère qui n’est pas évident à appliquer », indique-t-il en entrevue avec La Presse.

« C’est sûr qu’il faut être très prudent dans la façon dont on applique ce critère-là. C’est une décision qui est importante, non seulement pour M. Bernier, mais pour les autres chefs de parti aussi », relève l’ancien journaliste.

Ultimement, c’est le commissaire aux débats, l’ancien gouverneur général du Canada, David Johnston, qui décidera s’il y aura un lutrin pour le leader du Parti populaire.

Michel Cormier n’a pu préciser quand le verdict pourrait tomber. « Ça fait partie des discussions – à partir de quel moment est-ce qu’on décide si M. Bernier se qualifie ? Avec la question de l’appui populaire, si on décide trop tôt, ça peut être injuste », dit-il.

DÉBATS À CINQ… OU SIX

En vertu des critères mis en place, les chefs de toutes les formations représentées aux Communes auront vraisemblablement une place aux débats, y compris ceux du Bloc québécois et du Parti vert du Canada.

Ils seront donc au moins cinq à croiser le fer dans les deux débats officiels, qui devraient se tenir début ou mi-octobre, selon l’échéancier de la Commission – et six, dans un scénario où Maxime Bernier remporte son pari.

La Commission annoncera bientôt à qui les contrats de production des débats ont été accordés. Les choix des questions, de l’animateur ou du format ne sont pas de son ressort.