Le ton a monté jeudi entre le premier ministre François Legault et la co-chef de Québec solidaire Manon Massé sur la question des salaires versés à la haute fonction publique. Irrité de voir Mme Massé critiquer le niveau de la rémunération des mandarins, François Legault lui a demandé si elle était à l'aise avec sa rémunération trois fois plus élevée que le salaire moyen au Québec.

« Cessez de faire de la petite politique », a lancé M. Legault, à l'Assemblée nationale, après que Mme Massé a relevé les informations de la nouvelle liste des hauts salariés de l'État, publiée chaque année à la mi-mai par le gouvernement. Pour Mme Massé, le gouvernement est toujours généreux avec ses amis « du 1 % », ceux qui forment le 1 % des Québécois les mieux rémunérés.

Pour M. Legault, avec 130 000 $ par année, la co-chef de QS devrait se poser des questions sur son propre salaire. Au Québec, le salaire moyen annuel est de 49 000 $. « Comment la cheffe de Québec solidaire peut-elle accepter de gagner 130 000 $, alors que la moyenne au Québec, c'est 49 000 $ ? [...] Est-ce qu'elle se sent mal ? », de lancer M. Legault, pour qui la chef de QS se retrouve probablement dans les 5 % des Québécois les mieux payés.

Pour Mme Massé, il est injustifiable que le gouvernement consente de tels salaires aux mandarins alors qu'il serre la vis aux préposés dans les hôpitaux, aux fonctionnaires et aux enseignants. « Est-ce que le premier ministre trouve que c'est juste, ça ? », dira-t-elle.

Pour François Legault, « dans notre société, il y a différentes fonctions, il y a différentes responsabilités, il y a différents salaires. Je comprends qu'il y en a qui aimeraient mieux qu'on vive dans une espèce de système communiste, où tout le monde gagne le même salaire, mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.

« Il y a des postes comparables qui existent dans l'entreprise privée. Il y a des postes comparables qui existent dans les États autour du Québec. On ne peut pas s'isoler de la réalité des marchés », a-t-il dit. Dans le « système capitaliste, le moins pire système, ça suppose d'offrir aux gens qui travaillent dans la fonction publique des salaires qui sont compétitifs ».

« Le meilleur système, ça dépend pour qui, si tu es en haut ou en bas, de répliquer Mme Massé. Je commence à comprendre pourquoi le premier ministre dit aux travailleurs et travailleuses d'ABI en lock-out depuis 16 mois qu'ils gagnent un peu trop d'argent, mais qu'il ne dit pas un mot sur le PDG de la compagnie ».

La liste des salaires

La publication de la liste est, depuis quelques années, une obligation pour le gouvernement. On y apprend que le président d'Hydro-Québec, Eric Martel, a 579 461 $ comme salaire de base. Michael Sabia, de la Caisse de dépôt, 500 000 $. Louis Morisset, de l'Autorité des marchés financiers, 456 000 $. Catherine Dagenais, PDG de la SAQ, obtient 419 700 $.

Lynne Roiter, la présidente de Loto-Québec, obtient 414 600 $. Yvan Gendron, sous-ministre à la Santé, 332 000 $. Pierre-Gabriel Côté, PDG sortant d'Investissement Québec, récolte 450 800 $. Dans la plupart des cas, il faut ajouter des allocations pour l'utilisation d'une auto et des frais de représentation.

Pierre Gfeller, patron du Centre universitaire McGill, gagne 331 000 $ par année, tout comme son collègue du CHU de Québec, Martin Beaumont.