(Québec) Il sera bientôt plus difficile d’obtenir le droit de construire dans une zone inondable ou dans un milieu humide. Le gouvernement Legault a indiqué jeudi qu’il révise les règles pour les rendre plus sévères pour les promoteurs et les municipalités.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a confirmé que son gouvernement compte revoir la grille d’analyse du régime d’autorisation dans la foulée des inondations printanières qui ont entraîné l’évacuation de 10 000 Québécois. Des changements seront annoncés « rapidement », a-t-il dit.

Cette refonte est nécessaire parce qu’il a été trop facile dans le passé d’obtenir la permission de détruire des milieux humides ou de bâtir dans des zones sensibles.

« Ce sont des réflexes qui se sont perpétués sur plusieurs années, a dit le ministre. Je ne juge personne. La société évolue et on se rend compte qu’il y a des dangers qu’on évaluait mal à une autre époque. Donc il faut simplement s’adapter à cette nouvelle réalité climatique. »

La loi interdit la construction dans les zones susceptibles d’être inondées tous les 20 ans et la restreint dans les secteurs inondables tous les 20 à 100 ans. Québec n’applique pas la loi. La cartographie des plaines inondables relève des municipalités régionales de comté (MRC) et ce sont les villes qui intègrent les orientations gouvernementales à leurs règlements de zonage.

Les municipalités peuvent cependant obtenir une dérogation afin d’autoriser des constructions dans des zones sensibles. Chaque année, le ministère de l’Environnement autorise ainsi des dizaines de projets dans des plaines inondables et dans des milieux humides, qui agissent pourtant comme éponges en période de crue.

« Il faudra concevoir notre développement autrement à l’avenir, a reconnu M. Charette jeudi. Il y a des habitudes, comme société, qu’on avait l’habitude de perpétuer. Et on voit clairement que la nature, dans certains endroits, reprend ses droits. Donc ce sont des façons de faire qu’on devra revoir. »

La Ville de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, dont le tiers de la superficie s’est retrouvé sous l’eau après la rupture d’une digue, prévoit détruire un milieu humide pour bâtir une école. Le ministère de l’Environnement a bien été saisi du projet, a indiqué M. Charette, mais la grille d’analyse sera revue. D’ailleurs, a-t-il noté, le gouvernement n’a toujours pas décidé s’il va autoriser la reconstruction de la digue, ni la reconstruction de dizaines de maisons endommagées au cours des derniers jours.

« Ce sont des façons de faire qu’on devra revoir, a dit le ministre. Je ne dis pas que le projet est annulé, je ne dis pas qu’il va de l’avant, mais avant d’autoriser quoi que ce soit en zone humide, en zone inondable, dorénavant on sera nettement pus prudents. »

Québec solidaire a également appelé Québec à resserrer les règles.

« On sera exposé davantage dans le temps à avoir ce type d’inondations, a souligné la députée Émilise Lessard-Therrien. Il faut repenser le territoire, l’aménagement du territoire. Les milieux humides, on sait que c’est la zone tampon pour amortir les crues des eaux, pour filtrer aussi le ruissellement des eaux. »

-Avec la collaboration d’Hugo Pilon-Larose