(Ottawa) Le gouvernement fédéral modifie son programme de soutien financier pour les producteurs de canola afin d’aider ceux qui sont directement touchés par l’embargo chinois.

La limite maximale d’un prêt dans le cadre de ce programme de soutien passera de 400 000 $ à 1 million, tandis que le plafond du prêt sans intérêt passera de 100 000 $ à 500 000 $, a annoncé mercredi la ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, à Ottawa.

Pékin a interdit à deux des plus importants exportateurs canadiens d’expédier leur canola en Chine, ce qui est généralement considéré comme une mesure de représailles contre l’interpellation à Vancouver, à la demande de Washington, de Meng Wanzhou, dirigeante de l’entreprise de technologie Huawei.

La Chine a importé l’année dernière pour 2,7 milliards de graines de canola canadiennes et tout embargo prolongé nuirait aux agriculteurs, à l’industrie et à l’ensemble de l’économie. Les graines servent ensuite à fabriquer l’huile de canola, utilisée dans la cuisine et l’industrie.

Le ministre de la Diversification du commerce international, Jim Carr, a aussi annoncé mercredi matin qu’il dirigera une mission commerciale sur le canola au Japon et en Corée du Sud au début de juin, afin d’aider les producteurs canadiens à trouver de nouveaux marchés pour leurs productions.

Il a également promis de faire la promotion du canola lors de toutes ses prochaines visites officielles, notamment en France.

«Nous n’aurons pas de repos tant que cette situation ne sera pas résolue pour nos producteurs, nos travailleurs et leur communauté», a-t-il assuré.

Le chef conservateur, Andrew Scheer, a pressé lundi le gouvernement de Justin Trudeau d’adopter une approche plus musclée avec Pékin. Il souhaite que le Canada nomme rapidement un nouvel ambassadeur en Chine, qu’Ottawa dépose une plainte à l’Organisation mondiale du commerce et qu’il réduise aussi les sommes allouées à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures de la Chine, dans laquelle le Canada s’est engagé à verser 256 millions sur cinq ans. M. Scheer demandait aussi au gouvernement d’améliorer son soutien financier aux producteurs canadiens.

Invoquant des préoccupations — non prouvées — concernant des «organismes nuisibles», la Chine a banni les importations de graines de canola canadiennes au cours des derniers mois.

Selon le ministre Carr, les acteurs de ce secteur de l’industrie, y compris les gouvernements provinciaux et les producteurs, croient que le Canada devrait contester la décision de Pékin sur la base des allégations sanitaires et scientifiques. «Le fondement de leur allégation, c’est qu’il y a des impuretés dans le canola envoyé par le Canada en Chine, un canola qui avait été inspecté à deux reprises par l’Agence canadienne d’inspection des aliments», a rappelé le ministre du Commerce.

Le Canada continuera de tenter de dénouer l’impasse avec la Chine, mais recherchera aussi de nouveaux marchés pour le canola canadien, a précisé M. Carr.