Le gouvernement Legault doit empêcher un éventuel lien ferroviaire vers la Côte-Nord de servir au transport et à l'exportation du pétrole albertain ou du charbon, a affirmé Québec solidaire, jeudi.

Dans son budget, le gouvernement Legault a débloqué 7,5 millions pour financer une étude de faisabilité du projet QcRail. Cette initiative vise à bâtir un chemin de fer de 370 km entre Dolbeau-Mistassini et Baie-Comeau. Le port en eaux profondes qui s'y trouve serait ainsi raccordé au réseau ferroviaire nord-américain.

Selon le plan d'affaires présenté au ministère de l'Environnement, les promoteurs prévoient que l'infrastructure servira entre autres à transporter du charbon et du pétrole de l'Ouest canadien. Ils prévoient aussi bâtir un terminal d'entreposage d'hydrocarbures de 100 000 m3, soit l'équivalent de 625 000 barils de pétrole.

La députée solidaire Ruba Ghazal s'est dite favorable à l'extension du chemin de fer vers Baie-Comeau, car le transport de marchandises par rail est moins polluant que le camionnage. Mais elle prévient qu'il n'est pas question que le projet serve à exporter des hydrocarbures.

«On ne comprend pas pourquoi la Côte-Nord devrait devenir l'autoroute du pétrole et du charbon de l'Ouest canadien, a résumé la députée. Ça ne rapporte rien de plus à la région.»

Selon Mme Ghazal, l'intérêt exprimé par le gouvernement caquiste pour le projet témoigne de son «parti-pris idéologique» en faveur des hydrocarbures.

«Ça n'a pas de bon sens qu'on transporte du charbon et des hydrocarbures par ce train, a résumé la députée. Ce volet du projet n'a pas lieu d'être, surtout que le projet pourrait être rentable sans le transport des hydrocarbures.»

Le ministre des Ressources naturelles, Jonatan Julien, n'a pas caché son intérêt pour le projet QcRail jeudi matin. Selon lui, il ne fait aucun doute que l'initiative passe le test de l'acceptabilité sociale.

«L'acceptabilité sociale, pour la nature du projet, elle est là, a indiqué le ministre. Il est demandé par la communauté, c'est du développement économique pour la Côte-Nord, on le souhaite grandement.»

Il rappelle que le projet ne servira pas seulement à l'exportation du pétrole et du charbon. Le chemin de fer doit en effet transporter du grain, du minerai, du bois et des fertilisants.

«On a un super port à Baie-Comeau, a dit M. Julien. C'est voulu par la MRC, c'est voulu par le maire, c'est appuyé également par le député de René-Lévesque, Martin Ouellet. Tout le monde convient qu'en terme de développement économique, c'est un beau projet.»

M. Ouellet, député du Parti québécois, se montre en effet favorable à ce que Québec finance une étude de faisabilité du projet QcRail. Il souligne que la municipalité de Baie-Comeau cherche depuis longtemps à mettre en valeur le port.

«Augmenter le nombre d'activités portuaires, améliorer sa rentabilité, c'est pour nous un levier de développement économique», a résumé M. Ouellet.

Il souhaite en revanche une étude «rigoureuse» des risques  environnementaux, rappelant que les Québécois ont été marqués par la tragédie de Lac-Mégantic.

Le chef par intérim du Parti libéral, Pierre Arcand, a réagi avec prudence en notant que le projet QcRail reste «embryonnaire» à ce stade-ci. Selon lui, il sera essentiel que les promoteurs passent le test de l'acceptabilité sociale.

«S'il n'y a pas d'accessibilité sociale dans ce projet, il ne devrait pas y avoir de projet», a-t-il résumé.