(Ottawa) La loi fédérale sur l’éthique empêche Jane Philpott de mettre son expérience en tant qu’ancienne ministre de la Santé et des Services aux Autochtones au profit d’une Première Nation du nord de l’Ontario.

Il y a à peine deux semaines, Mme Philpott avait annoncé qu’elle allait assumer un nouveau rôle de conseillère spéciale en santé auprès de la nation Nishnawbe Aski, qui comprend 49 collectivités éloignées du nord-ouest de l’Ontario.

Mais maintenant, elle dit que ce travail devra être strictement bénévole.

C’est que son nouvel emploi allait à l’encontre de la Loi sur les conflits d’intérêts, qui stipule que les anciens ministres doivent respecter une « période de restriction » de deux ans, au cours de laquelle ils ne doivent pas travailler pour toute entité avec laquelle ils ont eu des « relations directes et importantes » au cours de leur dernière année en tant que ministre, ni réaliser pour elle des contrats ou siéger à son conseil d’administration.

Mme Philpott, qui n’a pas réussi à se faire réélire comme députée indépendante le 21 octobre, avait démissionné du cabinet du premier ministre Justin Trudeau en mars dernier dans la foulée de l’affaire SNC-Lavalin. Au cours des 12 mois précédents, elle avait été ministre des Services aux Autochtones et, brièvement, présidente du Conseil du Trésor.

Auparavant, elle avait également été ministre de la Santé sous M. Trudeau.

Tout au long de son mandat en tant que ministre, elle a eu de nombreuses relations avec la nation Nishnawbe Aski, y compris la signature d’une charte engageant le gouvernement fédéral à travailler avec la Première Nation et la province pour transformer la façon dont les soins de santé sont offerts dans les communautés.

La Loi sur les conflits d’intérêts permet au commissaire à l’éthique Mario Dion de raccourcir la période de restriction d’un ancien ministre ou d’y mettre fin s’il juge que c’est dans l’intérêt public, mais Mme Philpott a indiqué qu’il avait refusé sa demande de dérogation.

Le bureau de M. Dion a refusé de commenter.

« En fin de compte, j’ai décidé, en raison de mon rôle à la fois de ministre de la Santé et de ministre des Services aux Autochtones, que j’avais connu suffisamment la nation Nishnawbe Aski dans ces rôles que […] ce ne serait pas approprié à cette étape, pour moi, de recevoir une rémunération de leur part », a expliqué Mme Philpott en entrevue.

Offrir bénévolement ses services lui « permet de continuer à travailler avec eux et de ne pas (s’) inquiéter du problème de conflit d’intérêts ».