(SHERBROOKE) Plusieurs militants libéraux ont réaffirmé leur opposition à la loi 21 sur la laïcité, samedi, alors que Dominique Anglade a défendu son refus de l’abroger si elle devient première ministre. La prise de position de la députée sur cet enjeu explosif a relégué au second plan l’entrée d’Alexandre Cusson dans la course à la direction du Parti libéral, samedi matin.

Mme Anglade, a indiqué vendredi que si elle devient première ministre, elle n’abrogera pas la loi 21 adoptée sous bâillon par le gouvernement Legault au printemps. Elle souhaite plutôt éliminer la clause nonobstant qui y est rattachée.

Cela ferait en sorte que la loi, qui interdit le port de signes religieux aux fonctionnaires en position d’autorité, serait maintenue et qu’elle ne tomberait que si les tribunaux tranchent qu’elle est contraire à la Charte des droits et libertés.

La candidate a assuré que le maintien de la loi 21 sous un éventuel gouvernement libéral est « absolument » compatible avec les valeurs de son parti.

« Ma conviction, elle est profonde sur le système démocratique, a-t-elle expliqué. Il y a une loi qui a été adoptée sous bâillon, qui a changé une charte sous bâillon, et j’estime que cette loi doit passer le test des tribunaux. »

Malaise

Mais l’idée a clairement suscité un malaise chez des militants rencontrés samedi matin. Certains ont indiqué qu’un recul sur la question identitaire remettrait carrément en question leur adhésion au PLQ.

Le président de la Commission des communautés culturelles du parti, Mohammed Barhone, a pour sa part estimé que la position de Mme Anglade comporte de nombreuses « zones grises ». Et selon lui, le virage nationaliste qu’elle propose est « très risqué ».

« Si on veut aller plus vers la droite, ce n’est pas notre terrain confortable et on risque de le regretter, a-t-il déclaré. Alors c’est mieux de rester fidèles à nos valeurs et c’est là qu’on va mériter le respect de nos militants, mais aussi des Québécois. »

Antoine Dionne Charest, fils de l’ex-premier ministre, n’a pas précisé s’il souhaite l’abrogation de la loi 21. Mais il a très clairement affiché son opposition à cette pièce législative.

« L’ADN du parti, en partie, c’est les libertés individuelles, a-t-il dit. La loi 21 restreint les libertés individuelles sans faire de justification, sans fournir d’explications. Comme militant, je ne peux pas appuyer un tel projet de loi. »

Cusson se lance

En matinée, Alexandre Cusson a confirmé le secret le moins bien gardé en politique québécoise. Il s’est présenté au conseil général du PLQ flanqué de ses supporters, dont les députées Lise Thériault et Marwah Rizqy, pour confirmer son intention de briguer la direction.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Alexandre Cusson

« Ce que je souhaite, c’est faire un débat d’idée, discuter de ce qu’on veut pour le Québec, de ce qu’on veut pour notre parti, a-t-il déclaré. Ça va être important de se repositionner comme parti, de discuter entre nous, de bien faire vivre les institutions démocratiques qui sont une fierté du Parti libéral. »

M. Cusson a promis de dévoiler sa plateforme l’an prochain et n’a à peu près rien révélé sur sa vision. Tout au plus a-t-il affirmé sa volonté d’opérer une « décentralisation » du pouvoir.  

Il n’a pris position sur aucun enjeu de la course à la direction, notamment sur l’épineuse question identitaire.

« Il faut discuter de ça, a-t-il dit. Pour moi, c’est important que l’ensemble des Québécois se reconnaisse dans la plateforme du Parti libéral. Ça veut dire les Québécois de souche, ça veut dire aussi nos minorités. »