(OTTAWA) Les collègues Ruth Ellen Brosseau, Guy Caron, François Choquette, Pierre-Luc Dussault et Matthew Dubé, entre autres, ont été défaits aux dernières élections fédérales. D’autres ont mordu la poussière avant eux au scrutin de 2015. Aujourd’hui, le député néo-démocrate de Rosemont–La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, est le dernier survivant de la vague orange de 2011, qui avait vu le Nouveau Parti démocratique (NPD) remporter 59 sièges au Québec.

Mais le chef adjoint du NPD et lieutenant politique de Jagmeet Singh au Québec n’est pas du genre à hisser le drapeau blanc. Il est déjà à l’œuvre pour recruter des candidats désireux de porter les couleurs du parti aux prochaines élections. Ces élections pourraient survenir à tout moment, les libéraux de Justin Trudeau étant désormais minoritaires à la Chambre des communes.

« C’est un gouvernement minoritaire. C’est sûr que les candidats et les candidates qui ont été défaits sont une priorité pour nous. On pense déjà à faire des assemblées d’investiture », a lancé M. Boulerice à La Presse cette semaine après avoir participé à une conférence de presse avec son leader dans le foyer de la Chambre des communes pour exiger des garanties d’emplois pour les travailleurs de l’industrie aérospatiale.

« Je ne dis pas au mois de janvier, mais l’année prochaine, on veut mettre en place une structure d’accélération des processus pour être certains d’avoir des candidats le plus vite possible », a-t-il précisé.

Il y a des gens qui sont déjà intéressés à se représenter. Ils vont pouvoir porter [les couleurs du NPD], se présenter aux gens, aller faire des tournées, faire du porte-à-porte et rencontrer les organisations locales.

Alexandre Boulerice

Dans l’intervalle, l’autopsie de la récente campagne du NPD est en cours afin d’en évaluer les bons coups et les moins bons. Au Québec, la carte politique a encore une fois été modifiée. Le Bloc québécois a été en mesure de faire le plein de votes pour la première fois en huit ans, remportant 32 sièges au passage.

Ainsi, un questionnaire a été envoyé à tous ceux qui ont porté la bannière du NPD afin d’obtenir leur son de cloche et jauger leurs intentions. M. Boulerice a également pris soin de s’entretenir avec la majorité d’entre eux depuis la défaite électorale. Il compte mener cet exercice à terme au cours des prochains jours.

Enfin, l’équipe de campagne du Québec, y compris Raymond Guardia et Marie-Eve St-Onge, doit se réunir à Montréal pour faire son autopsie. Il est prévu que le chef du parti, Jagmeet Singh, participe à la rencontre par téléphone.

Reconstruction

Même si la campagne est terminée depuis trois semaines, M. Boulerice a un horaire presque aussi chargé qu’avant. Pour lui, cela fait partie du travail de reconstruction. « Je vais m’occuper d’abord et avant tout du Québec. À l’extérieur de mon bureau, j’ai déjà commencé à faire des rencontres avec des associations, avec des groupes environnementaux, avec des groupes étudiants. Mon horaire n’est pas aussi chargé qu’en campagne électorale, mais j’ai des rencontres quotidiennes avec un paquet d’intervenants. »

Alors qu’il est maintenant seul à porter la voix du NPD au Québec, M. Boulerice compte solliciter les conseils d’un ancien député néo-démocrate qui a connu le même chemin solitaire, Thomas Mulcair, ex-chef du NPD. Il a été élu en 2007 à la faveur d’une élection partielle et a été réélu de manière ininterrompue jusqu’en 2015. Il a travaillé sans relâche au Québec. Ses efforts ont largement contribué à la vague orange, en 2011.

Effectivement, il y a une espèce de parallèle assez facile à faire entre Thomas Mulcair et moi. Tom est dans une autre fonction aujourd’hui. Ça n’empêche pas d’avoir des discussions. J’ai déjà eu des discussions avec Tom depuis la fin des élections, et on va en avoir d’autres dans les mois à venir.

Alexandre Boulerice

Quel est l’état d’esprit des troupes néo-démocrates au Québec ? « On va se le dire franchement, les gens qui ont perdu leur emploi, c’est difficile. Mais ils sont désireux de continuer avec le mouvement et de continuer à bâtir. Les gens sont fiers de notre message, des valeurs que nous avons portées durant la campagne. Donc, tout cela est une source de motivation pour les troupes pour continuer dans l’avenir », a-t-il.

Capital de sympathie

M. Boulerice se dit convaincu que la campagne positive qu’a menée Jagmeet Singh lui a permis de se bâtir un capital de sympathie qui rapportera des dividendes un jour.

« Il s’est présenté aux Québécois et a démontré ce qu’il avait dans le ventre. Il a démontré qu’il parle bien le français, qu’il est capable de connecter avec les gens. […] Je pense qu’il s’est bâti un capital de sympathie. Un capital de sympathie, ce n’est pas des votes la première fois. C’est quelque chose que l’on engrange et sur lequel on peut grandir et bâtir. »

« Les individus sont différents. Mais la même chose est arrivée avec Jack Layton. Dans le cas de Jack, le Jell-O n’a pas pogné à la première élection. Ça a pris quatre élections. La quatrième a été la bonne. Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir. Mais c’est un peu normal que ça prenne du temps. Avant le Face à face de TVA, beaucoup de gens n’avaient jamais entendu Jagmeet Singh de leur vie probablement. Il y a eu une vague du Bloc. Mais ça n’empêche pas qu’on a semé quelque chose qui va nous ouvrir des portes pour l’avenir. Dans bien des cas, les gens ne voient plus le turban. »