(Québec) Québec solidaire confirme qu‘une de ses membres a été arrêtée pour avoir participé à la manifestation qui a forcé la fermeture du pont Jacques-Cartier pendant plus d’une heure, mardi. Le parti a assuré ne pas être à l’origine de ce coup d’éclat, bien qu’il ait refusé de le condamner.

Le député d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, a confirmé que Chantal Poulin est une « bonne amie » qui milite à QS depuis « plusieurs années ». Elle a joué un « rôle à temps plein » dans le comité électoral de QS dans sa circonscription.

Cette enseignante au primaire est celle qui s’est filmée en haut du pont Jacques-Cartier pour dénoncer l’inaction du gouvernement sur la question climatique. L’action de son groupe, Extinction Rébellion Québec, a provoqué l’arrêt de la circulation en pleine heure de pointe matinale.

« Ce n’est pas quelque chose qui a été fait dans le cadre de son implication dans Québec solidaire, a assuré M. Leduc. Ce n’est pas quelque chose qui est approuvé par Québec solidaire. »

« Ce ne sera probablement pas le seul geste de désobéissance civile dans les prochaines années, on peut imaginer qu’il y en aura peut-être d’autres, a-t-il ajouté. J’espère qu’on ne sera pas obligés à commenter chaque fois, si on dénonce ou pas. »

Le vrai danger, c’est l’inaction du gouvernement par rapport aux changements climatiques. C’est quelque chose qui devient de plus en plus risible.

Alexandre Leduc, député de Québec solidaire

QS a été le seul parti à l’Assemblée nationale à refuser de dénoncer la manifestation de mardi matin.

« À ma connaissance, ce sont des gestes pacifiques, des gestes non violents, a expliqué sa co-porte-parole, Manon Massé. Et vous le savez qu’on ne dénonce pas ces situations-là. Je réitère que ces gens-là interpellent clairement le gouvernement d’agir rapidement. »

Cette position lui a valu de vives critiques de ses adversaires.

Ils ont rappelé qu’au printemps, QS a lancé un « ultimatum » au gouvernement Legault. Il lui a donné jusqu’en septembre 2020 pour adopter une série de gestes sur l’environnement. Faute de quoi, le parti a promis de perturber les travaux parlementaires.

« Je pense que ça doit être dénoncé, a dit le premier ministre François Legault. Maintenant, est-ce que c’est surprenant que Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé appuient ce genre d’activités, qui nuisent à l’activité régulière des Montréalais ? Il faut leur poser la question. »

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a jugé « contre-productif », « condamnable » et « dangereux » le coup d’éclat qui s’est soldé par l’arrestation de trois personnes.

« Ce qui est malheureux et que je trouve même dangereux dans ce type d’attitude, c’est qu’il y a des échos à l’Assemblée nationale, a-t-il déploré. J’écoutais les propos des manifestants qui sont montés en haut du pont ce matin et on n’est pas loin de Québec solidaire. »

Le chef du Parti québécois, Pascal Bérubé, a condamné sans détour la manifestation de mardi et souligné à gros traits qu’elle a été applaudie par le directeur d’une association locale de QS.

« Ces gens-là ont choisi un mode de manifestation radical qui n’est pas dans les mœurs au Québec, qui n’est pas acceptable, qui a fait en sorte que le pont Jacques-Cartier a été fermé, a-t-il dit. Alors, j’imagine que toutes les formations politiques vont dénoncer. »

Quant au chef du Parti libéral, Pierre Arcand, il a lui aussi critiqué la stratégie utilisée par les militants écologistes.

« Ça nuit parce que les automobilistes étaient furieux, a-t-il dit. Les gens sont prêts à faire des changements mais encore faut-il que ça se fasse dans l’ordre et qu’il y ait un plan précis. Des actions de ce type m’apparaissent inutiles. »