(Sherbrooke) À l’aube du déclenchement des élections fédérales, le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, s’insurge de voir que les conservateurs au Québec invitent à une activité de financement à Montréal la ministre du gouvernement de Doug Ford, Caroline Mulroney, qui a défendu bec et ongles des compressions aux services offerts aux francophones en Ontario l’an dernier.

Mme Mulroney, qui est actuellement ministre des Transports et ministre responsable des Affaires francophones, participera ce soir en compagnie de son père, l’ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney, à un cocktail-bénéfice afin de donner un coup de pouce au candidat conservateur dans la circonscription de Ville-Marie–Le Sud-Ouest–Île-des-Sœurs, Michael Forian.

PHOTO CHRIS YOUNG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Caroline Mulroney, ministre des Transports et ministre responsable des Affaires francophones de l’Ontario

« Ce sera l’occasion pour vous d’échanger avec les députés et sénateurs conservateurs du Parti conservateur sur les différents enjeux qui vous tiennent à cœur », peut-on lire dans l’invitation qui a été envoyée par courriel aux militants conservateurs. Le coût du billet pour assister à l’événement qui aura lieu au Club Saint-James et qui mettra en vedette les Mulroney s’élève à 350 $.

Sur la sellette

Mme Mulroney s’est retrouvée sur la sellette l’automne dernier, alors qu’elle était ministre de la Justice et ministre responsable des Affaires francophones, en défendant la décision du gouvernement Ford de mettre la hache dans le financement de l’Université de l’Ontario français (UOF) et d’abolir le Commissariat aux services en français, mis sur pied en 2007, en raison de la situation budgétaire difficile en Ontario.

Cette décision, qui a donné lieu à une forte mobilisation des Franco-Ontariens et provoqué une crise linguistique au pays, a été vivement dénoncée par le gouvernement Trudeau.

Récemment, Mme Mulroney a discuté du dossier du financement de l’UOF pour la première fois avec la ministre fédérale du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, Mélanie Joly. Le gouvernement Trudeau est prêt à payer 50 % des coûts liés au démarrage de l’université.

Selon le porte-parole de Mme Mulroney, Mathew Conway, la ministre a l’intention de parler de son expérience depuis qu’elle a été nommée au sein du gouvernement Ford et de l’importance de nettoyer les « dégâts » laissés par un précédent gouvernement libéral. Elle n’a toutefois pas l’intention de parler de l’avenir du fait français en Ontario, selon M. Conway, qui a précisé qu’elle serait à Montréal comme « militante » avant tout.

Ford et Scheer, « du pareil au même »

Pour le ministre Pablo Rodriguez, les troupes d’Andrew Scheer errent en invitant une ministre du gouvernement Ford qui a défendu les coupes dans les services en français en Ontario.

« Les conservateurs d’Andrew Scheer invitent Caroline Mulroney – la ministre de Doug Ford responsable des coupes aux services pour les francophones – à ramasser de l’argent pour eux au Québec », a affirmé le ministre du Patrimoine à La Presse.

Les francophones en Ontario, au Québec et à travers le pays étaient outrés lorsque Doug Ford a annoncé des coupes aux services pour les francophones, mais Andrew Scheer a refusé de les condamner.

Pablo Rodriguez

« C’est pourtant ce que les politiciens conservateurs font. Ils disent qu’ils sont “pour les gens” et ils finissent par couper dans les programmes et les services dont les Canadiens dépendent. Andrew Scheer prétend qu’il n’est pas comme Doug Ford, mais Doug Ford et Andrew Scheer ont le même plan de coupures sur cinq ans et la même attitude envers les services pour les francophones » a-t-il ajouté.

« Doug Ford avait promis qu’il ne se mêlerait pas des élections fédérales, mais voilà qu’il parachute la ministre responsable des coupes pour les services aux francophones pour prêter main-forte à Andrew Scheer. Les politiciens conservateurs, qu’il s’agisse de ceux de Doug Ford ou d’Andrew Scheer, c’est du pareil au même. Le seul moment où ils s’intéressent aux francophones, c’est au moment des coupures budgétaires », a-t-il encore dit.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Alain Rayes, député de Richmond–Arthabaska et lieutenant politique d’Andrew Scheer au Québec

Non au « jeu des libéraux »

Le lieutenant politique d’Andrew Scheer au Québec, le député de Richmond–Arthabaska Alain Rayes, dit qu’il n’a pas l’intention de répondre aux attaques du ministre et ainsi jouer « le jeu des libéraux ».

« Honnêtement, c’est un enjeu qui touche le gouvernement de l’Ontario, de Doug Ford. Nous, de notre côté, il n’y a aucune intention de faire des compressions, au contraire, pour les enjeux de compétence fédérale », a-t-il déclaré.

« Nous, notre message a toujours été clair : on va soutenir les deux langues officielles et on va travailler en partenariat [avec] les gouvernements provinciaux pour les enjeux qui touchent les francophones comme les anglophones partout au pays en milieu minoritaire », a-t-il ajouté.

M. Rayes se dit « fier » d’avoir des gouvernements provinciaux conservateurs partout à travers le pays, mais admet que toutes les provinces ont leurs propres « défis ».

— Avec La Presse canadienne