(Ottawa) Le chef de l’opposition conservatrice Andrew Scheer a annoncé lundi avoir demandé à la police de lancer une enquête criminelle sur Justin Trudeau, après sa mise en cause par un rapport officiel l’accusant d’avoir violé la loi sur les conflits d’intérêts.

M. Scheer a écrit lundi à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour lui suggérer d’enquêter sur une possible « entrave à la justice » du premier ministre.

Le Commissaire à l’éthique a conclu mercredi que le premier ministre avait enfreint la loi sur les conflits d’intérêt en faisant pression sur sa ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, pour qu’elle intercède en faveur de SNC-Lavalin afin de lui éviter un procès criminel pour corruption.

« Nous savons qu’il a violé la loi » sur les conflits d’intérêts, a déclaré le chef du Parti conservateur lors d’une conférence de presse. « Nous devons à présent savoir s’il a commis un crime ».

En fin de semaine dernière, Mme Wilson-Raybould a de son côté indiqué que la GRC l’avait contactée en début d’année dans le cadre de cette affaire.

« Aujourd’hui, à la lumière des conclusions du Commissaire à l’éthique et des révélations d’une précédente implication de la GRC, j’ai formellement demandé à la GRC de réexaminer » ce cas, a déclaré M. Scheer.

M. Trudeau a « assumé ses erreurs », mais a refusé de s’excuser, estimant qu’il avait agi pour « défendre les emplois des Canadiens ». Le rapport du Commissaire à l’éthique a fait l’effet d’une bombe à deux mois des élections, qui donnent libéraux et conservateurs au coude-à-coude.

Le dirigeant conservateur avait déjà réclamé une enquête de la GRC lorsque le scandale SNC-Lavalin avait éclaté en février dernier, en vain.

M. Trudeau a toujours nié avoir agi de manière inappropriée, mettant en avant les nombreuses pertes d’emploi liées à une éventuelle condamnation, qui priverait l’entreprise de juteux contrats publics pendant 10 ans.

SNC-Lavalin, qui emploie quelque 9000 salariés au Canada, a été accusée en 2015 d’avoir payé 47 millions de dollars en pots-de-vin entre 2001 et 2011 pour obtenir des contrats en Libye pendant le régime de Mouammar Kadhafi.

Fin mai, un juge avait statué qu’il existait suffisamment d’éléments à charge pour citer l’entreprise à comparaître.