(Ottawa) Le Parti conservateur du Canada présentera 30 candidates au Québec, soit 38,5 % de candidatures féminines, aux prochaines élections, selon des chiffres obtenus par La Presse canadienne. Il s’agit d’un bond record pour la formation politique qui n’avait présenté que neuf candidates (11,5 %), en 2015.

En ne comptant que les nouvelles candidatures, les troupes conservatrices peuvent se targuer d’être dans la zone paritaire (43 %).

Le lieutenant politique du chef Andrew Scheer au Québec, le député Alain Rayes, convient qu’il a redoublé d’efforts pour attirer plus de femmes dans son parti, qui projetait l’image d’un parti uniquement formé d’hommes blancs plus âgés depuis des années.

À l’heure actuelle, les conservateurs au Québec comptent 11 députés, dont 10 hommes et une femme. Puisqu’ils se représentent tous, le défi était un peu plus grand pour équilibrer la tendance et présenter des candidates dans la zone paritaire, soit entre 40 et 60 %.

« On ne peut pas les changer de sexe ! », lance à la blague M. Rayes, en parlant de ses collègues députés.

Dans tous les cas, il n’était pas question, pour lui, de présenter des « candidates poteaux » pour atteindre un quota de femmes. Une opinion à laquelle se rallient les principales intéressées.

Marie Claude Fournier, qui se présente dans Thérèse-De Blainville pour les conservateurs, est catégorique : « Je n’aime pas ça, les quotas. » Pourtant, la directrice générale de l’Association de la construction du Québec de la région de Laval et des Laurentides sait à quel point il est difficile pour les femmes de faire leur place dans un monde d’hommes.

Si elle dit comprendre pourquoi il existe des quotas, elle n’aurait pas aimé que le parti la recrute juste pour satisfaire un pourcentage donné. « C’est à la limite un peu insultant et aussi assez rétrograde de penser que les candidates femmes sont là juste parce qu’elles sont des femmes », fait valoir Mme Fournier.

Des questions sur l’avortement

M. Rayes admet en entrevue avoir mis beaucoup plus d’énergie pour convaincre des candidates de se lancer en politique et sous la bannière conservatrice. Certaines avaient des préoccupations sur la conciliation travail-famille, alors que d’autres avaient des préoccupations sur la position du parti sur l’environnement ou l’avortement.

La candidate conservatrice dans Drummond, Jessica Ebacher, admet qu’elle voulait avoir « l’heure juste » sur la question de l’avortement. « Je voulais m’assurer que le débat était clos et que ça ne ferait pas surface dans un gouvernement dont le chef est M. Scheer », détaille-t-elle dans un récent entretien.

Le chef conservateur est antiavortement, tout comme de nombreux députés dans le caucus. Mais il a toujours dit qu’il n’était pas question de rouvrir le débat sous son leadership.

L’opinion personnelle de M. Scheer ou des autres députés conservateurs importe peu à Mme Ebacher. « Des gens avec des opinions divergentes, il y en a dans tous les partis. En ayant l’assurance que le débat était terminé, ça me rassurait », explique celle qui est directrice générale de la Jeune Chambre de commerce de Drummond.

La candidate dans La Prairie, Isabelle Lapointe, qui travaille sur la colline parlementaire depuis une décennie, a suivi le débat sur l’avortement de près dans les derniers mois comme adjointe parlementaire de la députée Sylvie Boucher. Elle accuse le gouvernement Trudeau d’avoir mené une campagne de peur à ce sujet.

« Ça n’a jamais été les conservateurs qui ont ramené ce sujet-là dans l’actualité. C’est un débat qui est clos et qui ne rouvrira pas. Jamais. Ça, c’est très clair. Il n’y a pas une lueur, il n’y a pas un doute, et si j’en avais eu un, je vous le dis, je n’aurais pas fait le saut », martèle Mme Lapointe.

Les conservateurs devraient confirmer l’ensemble de leurs candidats au Québec dans les prochains jours, mais une liste préliminaire a permis de constater que le parti présentera une femme dans Papineau — la circonscription du premier ministre Justin Trudeau — ainsi que dans Laurier-Sainte-Marie.