Le gouvernement Legault doit s'assurer que le gazoduc projeté entre l'Ontario et Saguenay ne transportera pas du gaz de schiste, prévient le Parti québécois.

Le député péquiste Sylvain Gaudreault somme la ministre de l'Environnement, MarieChantal Chassé, de révéler publiquement quel type de gaz sera transporté par la conduite.

M. Gaudreault voit mal comment le gouvernement de la Coalition avenir Québec peut s'opposer à l'extraction du gaz de schiste dans la province et l'encourager indirectement ailleurs.

« C'est une question de cohérence, a résumé M. Gaudreault. Il ne faut pas être hypocrite : si au Québec on a dit non à la filière de gaz de schiste, il ne faudrait pas qu'il en sorte à partir de notre territoire parce qu'il vient de l'Ouest. »

Le député croit « qu'à sa face même », le projet est incompatible avec les objectifs climatiques du Québec. Il se montre toutefois ouvert à changer d'avis si le promoteur fait la démonstration que sa réalisation permettra de remplacer des sources d'énergie plus polluantes.

La société Gazoduq a proposé la semaine dernière de bâtir une canalisation de 750 kilomètres entre le nord de l'Ontario et un port près de Saguenay. Elle y aménagerait une usine de liquéfaction où le gaz sera embarqué sur des navires et exporté.

La société Énergie Saguenay, qui pilote le projet de terminal, n'exclut pas de s'approvisionner auprès de producteurs de gaz de schiste. Sa porte-parole, Stéphanie Fortin, précise toutefois que ses fournisseurs se trouveront exclusivement dans l'Ouest canadien, où cette manière de produire le gaz naturel est rarement utilisée.

« Les prévisions de l'Office national de l'énergie disent que c'est moins de 10 % du gaz naturel qui est produit dans l'Ouest canadien qui vient du schiste, a dit Stéphanie Fortin, porte-parole d'Énergie Saguenay. Notre approvisionnement est 100 % canadien. On peut affirmer que ces producteurs suivent des règlementations très strictes et nos normes canadiennes sont parmi les plus élevées au monde. »

François Legault a accueilli avec ouverture le projet de Gazoduq. Le premier ministre l'a qualifié de « très intéressant » la semaine dernière, précisant cependant qu'il faudra en discuter avec les communautés autochtones et évaluer ses impacts sur l'environnement.

La ministre de l'Environnement, MarieChantal Chassé, a confirmé que le Bureau des audiences publiques sur l'environnement (BAPE) se penchera sur le projet. Et même si l'Office national de l'énergie, un organisme fédéral, mènera lui aussi un examen, elle a affirmé que Québec pourra décider d'autoriser ou de rejeter le projet.

Mme Chassé s'est terrée dans le mutisme hier. Son bureau n'a donné aucune suite à nos nombreuses tentatives d'obtenir une réaction.

Gazoduq mènera une consultation dans la prochaine année afin de déterminer le tracé exact de sa canalisation.

Québec solidaire a déjà fait savoir qu'il s'opposera au projet de Gazoduq. Le Parti libéral n'a pas encore pris position. Son chef par intérim Pierre Arcand a dit attendre de connaître le détail du projet avant de se prononcer.