David Johnston signale qu'il a l'intention de laisser aux médias un rôle important dans le façonnement des débats des chefs et qu'il ne compte pas s'immiscer dans les décisions plus pointues comme la sélection des animateurs.

L'ancien gouverneur général s'est présenté en comité parlementaire, mardi, pour discuter de sa nomination à titre de commissaire aux débats. Il s'est dit « honoré » d'avoir été choisi afin de piloter l'exercice et a promis de verser son salaire à des oeuvres caritatives.

À la table du comité, les représentants des partis d'opposition l'ont questionné sur la manière dont il a été désigné par le gouvernement de Justin Trudeau - c'est-à-dire de façon unilatérale.

Le témoin n'a pas souhaité se prononcer sur cette question. « C'est une décision qui ne relève pas de ma responsabilité, et je suis prêt à servir », a expliqué M. Johnston en mêlée de presse à l'issue de sa comparution.

Au cours de la séance, le député néo-démocrate David Christopherson s'est longuement et vigoureusement insurgé du fait d'avoir été placé devant cette nomination unilatérale des libéraux.

« C'est un embarras abyssal et une insulte au Parlement que le gouvernement libéral pense qu'il peut unilatéralement déclarer, par décret, comment le processus des débats fonctionnera, comment les règles seront établies, et qui le fera », a-t-il martelé.

En dévoilant la mise sur pied de cette commission, la semaine dernière, les libéraux remplissaient un engagement contenu dans leur plateforme électorale de 2015. Le but était de mettre fin aux « manoeuvres partisanes entourant les débats ».

La commission sera chargée d'organiser au moins deux joutes oratoires, une en français et l'autre en anglais. Elle en confiera la production à un diffuseur ou un consortium de diffuseurs, qui rendra le débat accessible gratuitement pour quiconque souhaite le diffuser.

La mise sur pied de cette nouvelle entité a suscité des questions quant au rôle des médias, qui pilotent traditionnellement l'exercice. À l'issue de son témoignage, l'ex-gouverneur général a suggéré qu'il comptait leur laisser une marge de manoeuvre appréciable.

Sur le choix des animateurs, par exemple, il a dit vouloir fournir avec le comité consultatif des « orientations ». Car « trop aller dans le détail [...] pourrait faire en sorte que ce serait notre idée plutôt que celle des experts », a-t-il argué en mêlée de presse.

Celui qui a animé des débats électoraux en 1979 et en 1984 a tout de même mentionné qu'il préférait les joutes oratoires plus civilisées à celles qui virent à la « foire d'empoigne ». Il trouve « extrêmement désagréable quand les chefs se crient par la tête ».

« Chance légitime »

L'ancien représentant de la reine a par ailleurs été questionné à la table du comité sur l'un des critères déterminants si un chef de parti obtiendra ou pas un carton d'invitation - celui d'« avoir une chance légitime de remporter des sièges lors des prochaines élections ».

Il a convenu que cette condition laissait place à une certaine « interprétation », mais s'est dit certain de pouvoir arriver à trancher. Il ne sait pas, cependant, s'il trouvera réponse à cette question « difficile » et « intéressante » avant la dissolution de la Chambre des communes.

La participation de Maxime Bernier, fondateur du Parti populaire du Canada, dépend de l'interprétation de cette condition. Les leaders des autres formations, dont le Bloc québécois, sont assurés d'être dans l'arène.